Atelier vidéo A3 année 2023/2024

 HORS CHAMP

L'étudiant.e acquière les outils nécessaires à l'élaboration d'une recherche dans le domaine de la vidéo en particulier la question du temps. Il/elle réalise un projet vidéo la relation du son à l'image jusque dans le dispositif de diffusion.

Je monte le son
En explorant la dimension fictive des images du réel à travers le récit nous questionnerons le hors champ visuel et sonore à l'aide d'expérimentations simples de synchronisation/désynchronisation et des dispositifs de doublage et d'audiodescription avec l'invitation de Valérie Castan, artiste chorégraphique présente dans la programmation du Quartz à Brest avec le spectacle : (La bande) à Laura de Gaëlle Bourge et l'association OS.

https://www.lequartz.com/La-bande-a-LAURA.html

 Olympia

Contenu

Le travail s’effectue sous la forme d’un atelier collectif avec un suivi individuel et se déroule en trois phases :
• La phase de recherche pratique et théorique ainsi que les d’expérimentations.
• La production du son et des images.
• Finalisation et dispositif de diffusion

 

Daniel Deshays

Le sonore est-il vraiment toujours relié au visuel ? Vous parlez, dans votre livre Pour une écriture du son, d’un déficit naturel, biologique, de nos capacités à recevoir le son par rapport à celles qui nous permettent de saisir le visuel. Comment compenser ce déficit ?
« Cela ne me pose pas de problème que le sonore soit toujours le sonore d’une image, ou plutôt le sonore de l’événement qui l’a produit. D’une part, le son vient après l’événement, il lui est consécutif, et d’autre part, étant lent à se déplacer dans l’espace par rapport à la lumière, on le reçoit avec d’autant plus de retard qu’on en est loin. De plus, notre cerveau analyse plus vite les données de la vue que les données offertes par l’oreille. Mais le sonore est quelque chose qui n’existe pas forcément de façon liée directement à la vue de la source ; il y a donc en nous la faculté de fabriquer l’image de façon plus ou moins riche, précise. Cet objet que j’entends m’appartient au sens où c’est moi qui en produis l’image, et au sens où il réveille des empreintes qui sont en moi et me permettent de le reconnaître. Depuis notre naissance, nous gardons la mémoire de tout ce que nous avons entendu, et nous avons la faculté de remanier, de refaçonner l’objet que nous entendons pour l’identifier et nous le représenter. Cela est encore lié à notre besoin de nous protéger : il faut que je comprenne, et tant que je n’ai pas compris, je continue de chercher. »

https://deshays.net/proposition-de-cinematheque-du-son

https://deshays.net/cahiers-du-cinema
 

MULHOLLAND DRIVE

Entendre le cinéma
Daniel Deshays est à la fois un praticien et un théoricien du son. Pour lui l’écoute sonore ne peut se réduire au sens des dialogues ni à l’émotion engendrée par la musique En parlant de « territoire » du son,
il invite à comprendre qu’il y a plusieurs niveaux de son, un agencement de plusieurs choix : intensités, distorsions, timbres, plans sonores, réverbération, bruit de fond, architecture de l’espace acoustique … qui
tous ensemble créent la signification d’une scène, tout autant que la mise en images. À travers l’exemple de Mulholland drive de David Lynch, il montre comment l’analyse de la bande-son permet l’accès à la mise en scène.
"Chez Lynch, tout travail commence par une opération de mutation des sons du monde. La transfiguration du réel s’opère. [...] Mais c’est surtout dans un café réduit au silence, bien qu’habité par quelques clients, que la scène s’amorce par un dialogue étrange. Seuls des passages assourdis de voiture surgissent au loin. À la fin de la conversation, les protagonistes sortent dans la rue et l’ouverture de la porte laisse entendre un dernier passage de véhicule conclu par une queue de réverbération. La sortie dans la rue, loin de faire exister un supplément d’ambiance, assourdit le son des voitures en dépit de leur proximité. Après la descente d’un escalier, de petits sons apparaissent en écho, émergeant de trames floues, essentiellement instrumentales. Toutes les fréquences aigües s’atténuent progressivement, nous sommes plongés dans un espace de plus en plus feutré. Nous passons ainsi de la perception du monde extérieur à un sentiment d’intériorité, dans une subjectivité qui nous fait vivre la scène comme un cauchemar. Comment rendre compte du sonore du monde depuis l’intériorité ? Comment le sonore, agent de la sensation, pourrait-il
lui même représenter la sensation ? Si la représentation de l’être intérieur ne peut avoir lieu en son extériorité, c’est par de telles figures que Lynch nous y fait accéder. Figures, simulacres, tout ici n’est qu’allusions. Des codes communs, signes simples, en permettent l’approche. On pense alors à la surdité, du moins à l’expérience qu’on en connaît : à ce qu’on entend quand la tête sous l’eau, les attaques et la localisation des sons disparaissent. Ce qu’il faut noter ici, c’est que l’effet est produit en creux
et non pas en ajout, non en addition d’éléments mais simplement en évacuation, en privation. L’intériorité du rêveur devient le réel. L’image a souvent, dans le cinéma, pris en charge la représentation du rêve,
ce qui est intéressant ici c’est que ce n’est pas elle qui s’en charge mais le son. Et c’est par l’effacement de la présence du direct associé d’ordinaire à l’image que l’idée d’intériorité, soutenue par des plans subjectifs, surgit.
Daniel Deshays, Entendre le cinéma, Klincksieck, Paris 2010. pp. 123 – 124. 

 Jesper Just est un artiste danois né en 1974 vit à New York

Les films de Jesper Just distillent une ambiance trouble. Ils se construisent sur une étrangeté irrésolue. Déplaçant les codes et techniques du cinéma dans le champ des arts dits plastiques, manipulant et jouant des outils narratifs et autres conventions du genre, il nous entraîne dans un univers suspendu où la mécanique fantasmatique fonctionne à plein régime.
Le point de départ de ses films réside très souvent dans la mise en relation de faits, lieux, situations, anecdotes, etc. De forme courte, ils concentrent des faisceaux de significations sans jamais les dénouer.
Ses films sont empreints d’une sorte de mélancolie grave, non dénuée d’un humour distancé. Fortement oniriques, ils accèdent à une forme de signification relative et émotionnelle propre à chaque spectateur.
Très référencés, ses films déroulent des images feuilletées dont la succession, sculptant le temps, joue pleinement du pacte narratif. Entre réalisme et constructions mentales, les films de Jesper Just mettent
en scène des émotions, des états psychiques, des relations individuelles, des situations. Décors, objets, bande-son en sont des personnages à part entière. La chanson, fonctionnant comme dans le cinéma de
Bollywood, vient commenter et prolonger ce qu’il nous faut bien appeler l’intrigue. Regards, gestes constituent les éléments d’un vocabulaire très maîtrisé où cadrage et montage deviennent les opérateurs de toute une machinerie désirante où le corps est central. Les clichés volent en éclats, interrogeant l’idée même de représentation, nous appelant à aller au-delà du miroir, derrière le rideau de fumée des apparences. Franck Lamy Commissaire de l’exposition « Jesper Just, This Unknown Spectacle » Mac Val 2011

Jesper Just

It will all end in Tears 2006

https://vimeo.com/94985818

Le film est découpé en 3 parties : A Little Fall of Rain, And Dreaming is Nursed in Darkness (d’après une citation de Jean Genet tirée du Miracle de la rose de 1946), It Will All End in Tears

A Little Fall of Rain se déroule dans un jardin asiatique totalement artificiel, The New York Chinese Scholar’s Garden, situé au sein du Staten Island Botanical Gardens à New York. And Dreaming is Nursed in Darkness prend place dans un tribunal à huis clos, The New York Supreme Court. It Will All End in Tears s’achève sur les toits des plus grands plateaux de tournage pour le cinéma et la télévision de la ville de New York, les studios Silvercup de Brooklyn.

Chinese Garden de Dorit Chrysler (2006), Only You des Platters (1955), I’ve got you under my skin de Cole Porter (1956) immortalisée par Frank Sinatra.

Acteurs
Acteur danois né en 1974, Johannes Lilleøre est le personnage masculin fétiche de Jesper Just, son alter ego.
Le « chœur finlandais des hommes hurlants » Mieskuoro Huutajat est fondé en 1987 à Oulu, au nord-ouest de la Finlande, par un groupe d’hommes habillés en costume cravate noir et chemise blanche. Ils ont pour particularité de crier et hurler des hymnes nationaux et chansons populaires. Les interprétations détonantes de leur répertoire s’accompagnent d’une grande expressivité : le visage d’un hurleur est le reflet d’un large spectre d’émotions humaines.
Acteur, Alex Wipf joue dans plusieurs films et séries télévisées.

A Vicious Undertow 2007

https://www.youtube.com/watch?v=PgsrPn0F754&t=64s

Titre
Le titre, que l’on pourrait traduire par « un courant sous-marin vicieux » évoque, entre autres, le temps, le fait de vieillir, renvoyant à ce sentiment vague qui s’introduit sournoisement.

Décor
Le film se déroule dans une ancienne maison close à Copenhague devenue un bar lesbien.

Références
La première séquence, une succession en un long travelling et en close-up de différentes textures, une tapisserie orientalisante puis la robe, la peau et la nuque d’un des personnages féminins, renvoie à la scène d’ouverture de L’Année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais.
Les deux personnages féminins font directement écho au film Persona (1966) d’Ingmar Bergman.
On retrouve également, dans l’utilisation du noir et blanc et des visages de femmes fatigués, des échos au film de Robert Aldrich Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (1962).
La scène finale de l’escalier évoque aussi La Maison du diable de Robert Wise (1963).
Enfin, les allusions à l’œuvre d’Alfred Hitchcock sont nombreuses : on retrouve une montée similaire des marches de l’escalier en colimaçon dans Sueurs froides (1958) et une femme assise de dos à la coiffure semblablement travaillée dans Psychose (1960).

Musique
Les personnages sifflent l’air de Nights in White Satin des Moody Blues (1967).
De Rebel Waltz des Clash créditée au générique ne subsistent plus qu’une ritournelle, mélodie de boîte à musique, ainsi que des coups de baguettes s’écrasant sur les tomes de la batterie, rythmant le temps et les changements de partenaires à l’image.

Acteurs
Actrice danoise née en 1958, diplômée de la Danish National School of Theatre en 1981, Benedikte Hansen est le personnage féminin récurrent des films de Jesper Just.
Actrice danoise née en 1974, Laura Drasbæk joue dans plus d’une dizaine de films depuis le début des années 1990 et de nombreuses séries télévisées.
Acteur danois né en 1974, Johannes Lilleøre est le personnage masculin fétiche de Jesper Just, son alter ego.

The Lonely Villa 2004

https://jsfoundation.art/videos/the-lonely-villa-2004/

Titre
Le titre de l’oeuvre fait référence au film muet éponyme de David W. Griffith (1909), lui-même inspiré de la pièce de théâtre Au téléphone… (1901) d’André de Lorde. C’est un des premiers films à utiliser le téléphone comme effet dramatique. On songe, en contrepoint, à la pièce de Jean Cocteau, La Voix humaine (1930).

Décor
Dans la bibliothèque obscure d’un « club de gentlemen », une demi-douzaine d’hommes est assis, chacun à sa table, verre de cognac pour certains.

Musique
Les paroles de deux tubes des Ink Spots, quatuor black américain des années 1930-1940 (I don’t want to set the world on fire et Address Unknown, 1939), font office de dialogue :
– I don’t want to set the world on fire. I just want to start a flame in your heart .
– Address Unknown – not even a trace of you. Oh what I’d give to see the face of you. I was a fool to stay away from you so long. I should have known there’d come a day when you’d be gone1.
Les deux protagonistes reprennent ensemble un couplet de la première chanson : – I’ve lost all ambition for worldly acclaim. I just want to be the one you love. And with your admission that you feel the same. I’ll have reached the goal I’m dreaming of, believe me2 .

Acteurs Acteur danois né en 1974, Johannes Lilleøre est le personnage masculin fétiche de Jesper Just, son alter ego.
Acteur, chanteur, Ole Hedegaard apparaît dans de nombreux films de Jesper Just.

No Man is an Island 2002 

https://www.youtube.com/watch?v=yunI40clydU


 

 No Man is an Island, 2002, 4 min

https://youtu.be/yunI40clydU?si=NHjeBORDgGraYOiX

Un homme d'un certain âge dans sur une place afin d'attirer l'attention d'un jeune homme assi sur un banc qui se met à pleurer...

No Man is an Island II 2004

https://www.youtube.com/watch?v=QJw2HsNR8kE 

 Une réflexion sur l’identité masculine, la performativité du genre et le masque social.

 

Something to Love 2005

 https://www.youtube.com/watch?v=bu7cbDF38ZE

 Les protagonistes de Something to Love sont un jeune homme, un homme plus âgé, une jeune femme et un parking souterrain, dépourvu de personnes et de voitures, qui rappelle les décors de nombreux thrillers. Le film est chargé d'une atmosphère de film noir et les fantômes de tous les mystères tournés dans les parkings et les escaliers.

 Bliss an Heaven 2004

https://www.youtube.com/watch?v=CA5O1ej0YBQ

Un jeune homme est l’unique spectateur d’un camionneur qui se travestit avec une longue perruque blonde et une écharpe diaphane pour chanter Please Don’t Keep Me Waiting d’Olivia Newton-John. D’abord surréelle, la scène devient mélancolique, voire tragique quand l’homme s’effondre sur scène.

Sirens of Chrome 2010, 12 min 38

https://nicolaiwallner.com/video/sirens-of-chrome-2012/

https://www.facebook.com/DIAFMCA/videos/10153118986444875/

Le titre fait allusion à la place réservée aux femmes dans les stratégies commerciales, cantonnées, depuis la naissance de l’industrie automobile, au rôle d’appât pour séduire une clientèle masculine. Le terme « chrome » vient du grec chroma, signifiant couleur, mais renvoie également au chrome utilisé pour améliorer la résistance à la corrosion et rajouter un fini brillant aux carrosseries.

Dans un Detroit (Michigan) quasi désert, une Chrysler noire à la portière gauche rouge (Chrysler Corporation est né en 1925 à Detroit) se dirige vers l’ex-Michigan Theater, théâtre de plus de 4 000 places, bâti en 1926 sur le site même du petit garage où Henry Ford construisit sa première automobile. Le garage fut transporté brique par brique au Henry Ford Museum. Fermé et partiellement démoli en 1976, le Michigan Theater est aujourd’hui un parking.

https://nicolaiwallner.com/jesper-just/works/

Vues de ses installations

https://www.youtube.com/watch?v=8uceg7NEoA4

Une conférence en anglais sur le projet de pavillon danois à la 55ème biennale de Venise en 2013.

https://youtu.be/_DFftuksKBQ?si=UI-Wy-ADH1Yv8nka

Vues de l'installation dans le pavillon.

Dans ses films, Jesper Just effectue des reprises de chansons extrêmement célèbres du répertoire de la musique populaire souvent chantées par les personnages. Il n’y a quasiment jamais de dialogues
directs entre eux. Les chansons servent de moyens d’expression. Michel Chion explique comment la chanson mobilise une mémoire et des stéréotypes collectifs pour cristalliser des émotions complexes.
 

"Une chanson est en même temps le symbole de ce qui pour chacun d’entre nous est lié au plus intime de son destin, de ses émois, tout en restant libre comme l’air, et en demeurant la chose du monde la plus partagée, la plus commune, puisque qu’elle est l’aspect le plus vulgarisé, le moins ésotérique, le plus anonyme de la musique. Une chanson est parfois aussi un chiffre, un code : le code des paroles
implicites auxquelles il renvoie, même quand on ne les entend pas, et qui sont comme l’inconscient des notes – par exemple dans des films comme L’Ange bleu ou Quand Harry rencontre Sally [...]
Mais surtout, dans ce flux continu d’impressions données comme reproduction de la vie qu’est un film, la chanson est ce qui, à cause de sa simplicité même, se grave sans raison dans la mémoire, s’associe pour
toujours à un moment de l’existence, puis enferme en lui ce destin, qu’il emporte quelque part. Elle représente le caractère à la fois éphémère, particulier et en même temps impersonnel du fatum. Et le destin dans le cinéma, cet art qui use de superposition et de rencontres, de rapports constamment changeant entre la forme et le fond, entre l’individu et le tout, trouve dans la chanson un symbole particulièrement fort.
Michel Chion, La Musique au cinéma, éditions Fayard, 1995.

 

 

Le son au cinéma, un documentaire : un podcast en 5 épisodes de Laetitia Druart

https://www.arteradio.com/son/61660879/ecouter_le_cinema_1_5_du_vent_dans_la_plaine

 

Michel Chion qui a analyser le son au cinéma, parle de sons en trois zones d'ancrage : in, off et hors-champs.
In ou son synchrone, c'est le son que l'on entend et que l'on voit. Par exemple on voit parler l'acteur dont on entend la voix en même temps ; on voit fermer la porte que l'on entend claquer.
Hors champ, la source de son n'est pas visible dans l'image au moment de l'émission de ce son, qu'il s'agisse d'un personnage toujours présent à l'action mais dont la caméra s'est détournée. Il s'agit d'un son qui reste pour nous situé imaginairement dans le même temps que l'action montrée, dans un espace contigu à celui que montre le champ de l'image.
Off, un son qui émane d'une source invisible située dans un autre temps et/ou un autre lieu que l'action qui est montrée dans l'image. Par exemple la musique de film, la voix-off du narrateur racontant l'action au passé.

Ces sons n'ont pas de texture ou de couleur particulières, ils sont in, hors-champ ou off, que par rapport à une image, et dans ce rapport même, à l'instant où il s'établissent.
Zone acousmatique = zone invisible


Évidement les frontières entre les sons sont poreuses. Il peut y avoir des son qui passent de in à hors-champ, et inversement c'est la situation la plus courante d'un plan à l'autre.
In/off est moins évidente.
Off/ hors-champ est la plus mystérieuse parce que l'on ne la voit pas.
 
Le doublage ou le fantôme du réel
Perception fantômes
Il n'y a pas de bande son liée à l'image. On peut travailler les sons de manière autonome entre eux. La séquence du film de Federico Fellini en est un bon exemple. C'est la première séquence du film, celle des hélicoptères transportant une statue géante du Christ au dessus de Rome.
Exercice de description audio-visuelle de cette séquence.
2 fois son + image
1 fois sans le son
1 fois sans l'image
1 fois avec son + image
 

 

 

 

 

 

 

 https://www.youtube.com/watch?v=uo84caBoToQ

Faire une description audio-visuelle :

Dans le premier plan le son des hélicoptères n'est pas entendu pendant plusieurs secondes alors qu'ils sont déjà visibles : seulement-vu, seulement-entendu : sous un seul sens. Fantôme des perceptions dans le sens de Merleau-Ponty dans « L'oeil et l'esprit ». Le bruit de moteur de l'hélicoptère n'est pas toujours proportionnel au changement de grosseur des appareils dans le plan.
Pas de correspondance mécanique et synchrone entre les deux phénomènes, plutôt une sorte de propagation vivante en forme d'ondes avec des retards et des décalages. La séquence comporte aussi d'autres phénomènes sonores plus passagers se produisant en vagues et qui sont soit absorbés par le vrombissement de l'hélicoptère ou absorbant eux-mêmes dans un processus de fusion et d’absorption sans fin. Par exemple les cris d'une nuée d'enfants qui courent dans la rue avalés par le bruit de l'hélico puis ce dernier est à son tour comme absorbé par le carillon des cloches e Saint Pierre de Rome. Ce que l'on voit est influencer par ce que l'on entend et réciproquement. On se projette sur l'image ce que l'on entend et on e sur le son ce que l'on voit. Et on reprojette le tout sur l'écran.


On peut regarder aussi les trois premières minutes de 8 et demie de Federico Fellini aussi.
https://www.youtube.com/watch?v=6TsElhgMeXE
C'est aussi un bon exemple du travail du son. Moins démonstrative que dans la Dolce Vita mais aussi intéressante. 

Ana Vaz (Brésil, 1986) est une artiste et cinéaste dont les films et autres dérivés spéculent sur les relations entre le soi et l’autre, le mythe et l’histoire à partir d’une cosmologie de signes, références et perspectives. Assemblages de matériaux trouvés ou tournés, ses films combinent ethnographie et spéculation en explorant les frictions et fictions imprimées dans les relations d’environnements cultivés ou sauvages avec leurs habitants multiples. Formée au Royal Melbourne Institute of Technology et au Fresnoy Studio National des Arts Contemporains, Ana Vaz a également été membre du programme SPEAP (Sciences Po, École des Arts Politiques), un projet conçu et dirigé par Bruno Latour. En 2015, elle a reçu le prix du Kazuko Trust Award Fund présenté par la Film Society du Lincoln Centre en reconnaissance de l’excellence artistique et l’innovation dans son travail autour de l’image en mouvement.

https://vimeo.com/anavaz

https://lechienquiaboie.fr/les-mains-negatives/

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