A3 module vidéo Semestre 2 2020/2021

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Née en 1959 à Hämeenlinna, Eija-Liisa Ahtila est une artiste finlandaise vivant à Helsinki. Des études artistiques à Helsinki et Londres complétées, entre 1994 et 1995, à Los Angeles, où elle suit les cours de l’Université de Californie et de l’American Film Institute, lui permettent d’aborder tous les registres de l’image en mouvement : la vidéo, les images numériques, et surtout le cinéma. Elle les utilise pour construire des récits dans lesquels elle transpose des situations et des motifs de l’aliénation contemporaine.

Eija-Liisa Ahtila définit ses œuvres comme des "drames humains". Ses représentations de l’adolescence, de la sexualité, des relations familiales, de l’exclusion, de la séparation, mais aussi de la souffrance et de la mort construisent un univers émotionnel très fort. Sous un jour à la fois intimiste et irrationnel, Eija-Liisa Ahtila décrit des tensions intérieures extrêmes et des communications perturbées où la distinction entre réel et imaginaire n’a plus cours.

Eija-Liisa Ahtila occupe une place singulière sur la scène artistique, entre les héritages des démarches conceptuelles et alternatives des années 1960 (où la vidéo était un outil d’enregistrement et d’expérimentation) et ceux du documentaire, du cinéma expérimental, mais aussi du cinéma commercial, de la télévision et de la publicité. Elle oscille sans a priori entre différents formats d’apparition des images, passant du cadre muséal avec de vastes installations dans l’espace, au petit ou au grand écran. Son œuvre se confronte à une dimension spectaculaire, tant dans la sophistication de la mise en scène que par l’utilisation d’écrans multiples. L’illusion est, selon Ahtila, une "matière" pour son travail. La précision du scénario, la direction d’acteurs, le montage et les effets spéciaux servent la complexité des situations et instaurent des procédures narratives déconcertantes pour le spectateur. Cette écriture formelle place celui qui regarde en position active : il doit raccorder, ou non, les fragments d’une histoire à plusieurs niveaux.

The cinematic Works  DVD de la bibliothèque de Eija-Liisa Ahtila


 

ME/WE; OKAY; GRAY
1993. 3 x 90 secondes, film 35 mm et installation DVD

Trois courts métrages entre publicité et fiction ; version originale en finnois sous-titrée en français. Me/We, Okay et Gray sont trois fictions d'une minute et 30 seconde chacune, montrées dans une installation constituée de trois moniteurs. Elles forment une œuvre qui se situe à mi-chemin entre le court métrage de fiction et la publicité : Ahtila y explore les possibilités techniques et narratives du langage publicitaire pour raconter une fiction. Chaque récit est commenté par un monologue, dans une diction proche du bulletin d'information. Dans chacun se joue le basculement de la réalité, la fluctuation de la frontière entre le Moi et l'Autre, au travers de scènes qui utilisent la distorsion entre le son et l'image pour évoquer l'effacement de l'individualité…



If 6 was 9
 

2016 - 10 min 45 sec sur trois écrans

Dans If 6 was 9, des jeunes femmes parlent de leur vie affective et sexuelle. Au sein de ce triptyque, la narration, à la fois continue et syncopée, joue sur les effets de rupture entre image et son. Si la fiction rejoint le documentaire et la pensée la parole, le dispositif semble mettre à distance l’émotion. L’instabilité formelle met en avant la subjectivité offerte mais toujours inaccessible de ces adolescentes, floutées dans un ailleurs où se juxtaposent maladroitement souvenirs d’enfance et confessions sexuelles au présent.

 


CONSOLATION SERVICE
1999. 2 x 23 minutes 40, film 35 mm et installation DVD

Ce court métrage, présenté à la Biennale de Venise en 1999, est dissocié en deux images projetées simultanément l'une à côté de l'autre, qui racontent la rupture d'un jeune couple. L'image de droite présente le point de vue du narrateur, tandis que l'écran de gauche évoque un contexte plus large… L'œuvre fait appel à la fois au réalisme documentaire et au cinéma fantastique ; elle présente en alternance des images racontant un quotidien banal et des séquences plus poétiques dans lesquelles se mélangent le réel et l'imaginaire…

Today

1996/7, 10 minutes, film 35 mm et installation DVD pour 3 projections avec son


 

 

 

 

 

 

 

Love is a Treasure 

2002, 55 minutes, film 35 mm

C’est dans Love is a Treasure (2002), une succession de cinq histoires autour de femmes malades, que l’artiste finlandaise approfondit réellement ces processus d’aliénation, de discordance et de rupture, provoqués notamment par la schizophrénie. Elle y propose une véritable forme filmique pour exprimer visuellement ces dysfonctionnements psychiques. Son utilisation de la caméra subjective ne se réduit plus à la simple adoption du point de vue et du regard d’un personnage ; Ahtila instaure une véritable intériorisation de la caméra. Le flux de conscience devient le fil conducteur de l’histoire.

The House 

2002, 14 minutes, installation DVD pour 3 projections avec son

The House raconte l’histoire d’une femme qui entend des voix, lesquelles bouleversent sa notion du temps et de l’espace.
Conçu à partir d’entretiens réalisés avec des femmes psychotiques, le film donne une vision approfondie du basculement dans l’irrationnel à travers un récit qui repose sur la perte des repères temporels et spatiaux.

Cette forme de folie est poussée à son extrême dans The House (2002) à travers le personnage d’Elisa. En cherchant constamment à dissocier les images des sons, Elisa perd le contrôle de soi-même et en vient à se dédoubler. Alors qu’on la voit accrocher des rideaux aux fenêtres pour obscurcir son salon, évacuer les images et se retrouver dans le même espace que les bruits, elle est présente en même temps au fond de la pièce, en tant qu’observatrice d’elle-même.

Eija-Liisa Ahtila développe le procédé de ce que nous pourrions qualifier de « personnage off » : le personnage dans sa totalité physique et psychique se met en retrait du flux de l’histoire et de son environnement. Il est en « stand-by » sur le mode de la voix off.

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