HABITER
L'habiter
met en jeu toute l'ambivalence par laquelle l'homme se retrouve face au
monde, qui peut se présenter tour à tour comme menaçant ou accueillant,
entre l'inquiétante étrangeté du dehors et la familiarité rassurante de
l'intime, entre le déracinement des apatrides et l'enracinement dans la
terre natale.
Si l’habiter exprime et constitue l’être des individus, alors le corps est la centralité de l’habiter.
L’habiter
n’est pas sans aller avec un certain enracinement. Pour se sentir
chez-soi, y être bien et s’y sentir protégé, il faut une bonne
connaissance des lieux, des moindres recoins où se blottir, des endroits
où cacher ses secrets. Être n’a-t-il pas d’ailleurs comme racine
étymologique "sta" qui a donné « stationner » autrement dit demeurer.
Pour être pleinement, il faut donc s’attarder et s’attacher à des lieux.
Ensuite peuvent se développer de petites habitudes (de habitudo qui a
la même racine qu’habiter), la répétition et la routine devenant donc
une certaine expression de l’habiter. Le temps permet aussi d’habiller
l’endroit où l’on vit pour en faire un lieu à sa propre image (habit,
habiller venant de habitus ayant une racine commune avec habiter).
Habiter
est un verbe qui impressionne, qui dit plus qu’il ne contient, qui se
prend pour une corne d’abondance, s’ouvre telle la boîte de Pandore, se
charge de tous les désirs clandestins que le vaste monde adopte comme
possibles.
Paquot, T. (2005).
Demeure terrestre. Enquête vagabonde sur l’habiter. Besançon : Les Éditions de l’Imprimeur, p. 163
Chez-soi
4 murs, 1965 Johan Van der Keuken
Beppie, 1965, Johan Van der Keuken
Beppie a dix ans. Issue d’un milieu ouvrier, c’est une vraie gamine
d’Amsterdam, drôle, pleine d’esprit. Spontanée, elle raconte pendant
plusieurs mois ses aventures au cinéaste qui la suit dans sa vie
quotidienne. Avec une totale liberté d’approche et d’émotion personnelle
devant son sujet, Johan van der Keuken élabore en même temps qu’un
portrait de l’enfant celui de la ville.
« Elle avait dix ans et elle était le rayon de soleil du canal où
j’habitais. Une vraie gamine d’Amsterdam, à la fois gentille et maligne
comme un singe. »
One week, 1920 Buster Keaton
https://www.youtube.com/watch?v=sFLHbpBPahE
The Finishing Touch, 1928, Laurel et Hardy
https://www.youtube.com/watch?v=ibrgVPSYzhA
Women House, 1974 Johanna Demetrakas
« En 1972, fût créée une exposition dont on a beaucoup parlé
: Womanhouse. Sous la direction de Miriam Shapiro et de Judy Chicago
qui devinrent des figures majeures de l’art féministe dans les années
1970 et 1980 (…), vingt-quatre femmes (dont Faith Wilding et Sandy
Orgel) aménagèrent une maison à Los Angeles. L’espace domestique
devenant espace d’exposition, la distinction entre public et privé
disparaissait et les conventions régissant la représentation volaient en
éclats. » Peggy Phelan, Art et Féminisme, éd. Phaidon, 2005.
Johanna Demetrakas est réalisatrice, écrivaine, professeure et productrice basée en Californie.
The cat, the Reverand and the Slaves, 2009 Alain Della Negra et Kaori Kinoshita
Markus est un furry : l’animal qui sommeille en lui est un chat.
Benjamin est un pasteur moderne : il prêche les évangiles dans une
église virtuelle. Kris est un maître goréen : il contrôle la vie
sexuelle de ses esclaves depuis sa chambre... Un documentaire sur trois
communautés emblématiques de Second Life.
https://www.youtube.com/watch?v=kw8j-A6qeCE
Disneyland mon vieux pays natal de Arnaud de Pallières
Le locataire, 1976, Roman Polanski
Là est la maison, 2017
Lo Thivolle & Victor De Las Heras
De l’extérieur on n’y voit rien,
à l’intérieur on entend tout.
Au loin les chemins se bouchent,
quand de près s’ouvrent les possibles.
La Chute de la maison Usher, 1928 Jean Epstein
Philip Withrop se rend a la maison Usher pour rencontrer sa fiancée
Madeline. Roderick, le frère de Madeline, s'oppose a leur mariage.
Madeline est victime d'une crise de catalepsie, et Roderick s'empresse
de l'enterrer. Philip découvre la vérité, mais Madeline sort de son
tombeau et veut tuer son frère. La maison s'écroule alors sur eux.
The House - Eija-Liisa Ahtila https://www.dailymotion.com/video/x4vwi5
2002. 3 x 14 minutes, installation DVD Ce film, projeté en 2002 à la Documenta 11 de Kassel, est basé sur de véritables entretiens avec des personnes psychotiques et raconte l'histoire d'une femme dont la perception du monde bascule lorsqu'elle se met à entendre des voix. Trois projections simultanées montrent les effets de la perte de la notion du temps et de l'espace (à partir du confinement du personnage dans une pièce), évoque l'effondrement de la cohérence du monde pour cette femme, au travers d'un récit proprement incohérent mais dont le spectateur est encore capable de comprendre les événements… Les trois images sont projetées sur des cimaises colorées, dans un espace confiné par un plafond rabaissé…
Les personnages d’Ahtila sont plongés dans une sorte de présent perpétuel, où règnent l’incertitude, le paradoxe et la contradiction. Le personnage d’Elisa dans The House (2002) fait référence à cette situation singulière : « Dehors est apparu un nouvel ordre, un ordre qui est présent partout. Tout est désormais simultané, ici et vivant. Rien ne se produit avant ou après. Les choses n’ont pas de causes. Les choses qui se passent n’éclairent plus le passé. Le temps est aléatoire et les espaces se chevauchent. ». (7)
Bibliographie
Des films et des maisons, La périlleuse trajectoire de l'homme vers son humanité de Alice Laguarda
Dans
sa quête d’humanité, l’homme fait l’expérience d’une trajectoire
existentielle qui le conduit à désirer, inventer et habiter des maisons.
Demeure de la subjectivité et de l’intimité de l’être, image de la
totalité close sur elle-même, la maison est également le lieu de
l’apprentissage de l’ouverture au monde et aux autres. Elle est un objet
équivoque : espace de la concentration, de la domestication de l’homme
par l’homme, la maison est un vecteur d’aliénation, de dislocation, le
lieu où vient se loger, aussi, l’inhumain.
Or,
un « récit » particulier traverse le cinéma, celui des trajectoires
corporelles, spatiales et émotionnelles des personnages aux prises avec
cette ambiguïté fondamentale de la maison. Le cinéma recèle ainsi une
histoire des évolutions de la maison en tant que forme matérielle,
symbolique, mentale. Il nous interroge sur la valeur de l’habiter, des
représentations qui en idéalisent les fonctions d’humanisation jusqu’aux
figurations d’une obsolescence de la maison, d’une disparition des
croyances et des imaginaires qui l’accompagnent.
Cet
ouvrage richement illustré propose des analyses de ce « récit »,
structurées en trois moments – l’accord ; le mystère ; l’égarement – qui
montrent, de John Ford à Guillermo del Toro, de Jacques Rivette à Wes
Craven, en passant par Antonioni, Sam Peckinpah, Dario Argento, David
Lynch, Bertrand Bonello, Christopher Nolan et bien d'autres, combien la
trajectoire de l’homme vers son humanité est incertaine et périlleuse.
Alice
Laguarda a suivi une formation en architecture (architecte DPLG, ENSA
de Normandie) et philosophie (DEA, Université Paris-X-Nanterre). Elle
mène des activités de journaliste et de critique et a publié de nombreux
textes dans des catalogues et ouvrages collectifs (éditions Autrement,
Jean-Michel Place, Les Presses du réel...) et des revues (Art press, L’Architecture d’aujourd’hui, Trafic, Le Café en revue...).
Elle est professeur d’esthétique à l’Esam Caen/Cherbourg.
Espèces d'espaces, 1974, Georges Perec
La poétique de l'espace, 1957 Gaston Bachelard
Habiter, le propre de l’humain. Villes, territoires et philosophie, 2007, Thierry Paquot, Michel Lussault, Chris Younès
Le ralenti au cinéma est la différence entre la prise naturelle de
24 images/seconde et la vitesse de projection de ces images. Est-ce
une situation plus réelle ou moins naturelle? Est-ce la
falsification du réel? Le cinéma est-t-il le reflet du réel?
Inversement le montage est un raccourci dans le temps d 'une
action en cours ou réelle. Il est un artifice du récit. (ex. :Le
mystère Picasso)
L'arrêt et la reprise sont les cas limites de l'accélération et du
ralenti.
Au cinéma le temps n'a pas de valeur absolue, il est une échelle à
dimension variable : l'enregistrement automatique du réel, le
moulage ou l'empreinte de la durée, le plan fixe, le plan long, un
espace indécidable.
Les origines du cinéma
Les origines du cinéma sont le défilement d'images fixe à 24
images par seconde.
L'animation des images : Marey, Muybridge, la décomposition du
mouvement, l'histoire de la chronophotographie. Il est intéressant
de voir comment le cinéma est née aussi de recherches et inventions
d'instruments d'enregistrement et de projection (caméra et
projecteur) et la recherche scientifique (ex. : la botanique et
l'étude de la pousse des
végétaux)
Le ralenti cinématographique
Le ralenti au cinéma est ce qu'il y a de plus irréel. Il consiste à
donner par apparence le mouvement d'un mécanisme à n'importe quel
mouvement vrai. Il donne du mécanique sur du vivant à détruire
tout ce qu'un geste peu contenir de grâce et de liberté. Le ralenti
montre le flux de la réalité mais pas comme un long fleuve
tranquille mais plus comme un torrent plein de remous, de courants de
vitesse variable.
L'apparition de la vidéo et du numérique
Depuis l'apparition du numérique les régimes temporels au cinéma
se sont élasticisés .
Bullet time : le temps de la balle de revolver est une rotation
figée qui est un procédé holographique. La décomposition du
mouvement n'est pas homogène, la durée peut se diviser, se
contracter ou s'étendre. Décomposition du mouvement tout en
conservant quelque chose de ses articulations naturelles et même de
sa continuité.
Fonction du ralenti
1. Fonction emphatique : capacité à suggérer la puissance et
la vitesse d'un geste ou à magnifier la virtuosité de celui qui
l'accomplit (l'homme qui valait trois milliards, Steve
Austin : acteur)
Les choses se déplacent très vite ne peuvent être perçue qu'à
la condition d'être ralenties. Les choses que l'on voit se déplacer
à une allure inhabituellement lente se déplacent en réalité à
très grande vitesse.
Un homme qui court au ralenti est un cyborg lancé à pleine vitesse
(la bande son métallique participe à l'effet)
Analytique : usage technique ou expressif du ralenti sportif. Il
peut être dramatique ou expressif dans une scène grave et
solennelle.
(Les sept samouraïs, Akira Kurosawa).
L’image ralentie : de la caméra-œil au bullet-time, Elie During
https://books.openedition.org/enseditions/9094?lang=fr#text
2.Fonction lyrique et onirique : amplification et hyperbole :
Le corps suspendu dans sa chute, ravi à lui même, image flottante
d'un rêve avec une rupture des sensations motrice entre image action
et image temps, entre image perception et image affection. Par
exemple la fin du film Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni,
comme des ondes de colère, une pure situation optique et sonore.
Techniquement
Bullet time : capture du mouvement en « rotation
figée » avec un ralenti technique de morphing qui est une
interpolation ou interposition d'images ou alors un ultra ralenti de
1000 à 2000 images secondes.
Par exemple le plug in de Final Cut Pro : Twixtor
Pour moins geler l'image que pour immobiliser le sujet.
A contrario du ralenti classique qui augmente la vitesse
d'enregistrement pour diminuer la vitesse de projection.
Exemple d'ultra ralenti
Enregistrement à vitesse normale, scan du plan patron numérique
plusieurs appareils photos virtuels selon différents angles de vue
et l'on fait une reconstitution du mouvement par l'ordinateur pour
obtenir une souplesse dans le montage final : zoom, travelling,
panoramiques, accélérations ralentissements. Cette technique est
lourde en calcul, on effectue donc un enregistrement sur fond vert
pour incruster les décors par la suite.
On peut dire que l'on obtient une image totale qui est à la
fois le point de vue du personnage et qui est aussi descriptive de ce
qu'elle montre et pour l'image analytique ou subjective (vision du
personnage) et image symbolique (intention expressive de l'auteur)
Vol d'une balle = ralenti classique
Le personnage semble gelé et la caméra tourne autour à grand
vitesse.
On n'a plus besoin d'utiliser le champ/contrechamp ou regardé
regardant mais celui de la caméra virtuelle on a donc un ralenti au
second degré image au ralenti/ image d'un ralenti.
Tarkovski, Kubrick
Interpolation l'art de l'interstice ralenti ontologique et ralenti
constructiviste
Filmographie
Les origines du cinéma scientifique, Tosi Virglio, 2005,
Etude : 791 TOS - d DVD
Matrix reloaded, Wachowski Andy, 2003, Neptune : V
WAC - a DVD
Gerry, Gus Van Sant, 2008, Neptune : V VAN - a
DVD
Chungking Express, Wong Kar-Waï, 1994, Neptune : Cote :
V WON - a DVD
Fallen Angels, 1995, Wong Kar-waï, Quatres Moulins, 791.437
WON - a VHS
In the Mood for Love, 2000, Wong Kar-Waï, Neptune :V
WON - a DVD
2046, 2004, Wong Kar-Waï, Neptune, V WON - a DVD
Zabriskie Point, Michelangelo Antonioni, 1970 Neptune : V
ANT - a DVD
Le mystère Picasso, Henri Georges Clouzot, 1955 Ecole :
709.2 PIC - d DVD
La chute de la maison Usher,
Jean Epstein, 1928
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