A3 - module Vidéo - semestre 1 - 2020/2021


L'installation vidéo

Objectif
Réalisation d’une installation vidéo
L'étudiant doit aborder la mise en espace de la vidéo sous la forme d'une recherche théorique et référencée ainsi que de façon pratique en réalisant un projet individuel. Acquisition d'une méthode de documentation sur une œuvre d'un artiste, liées à sa problématique que l'étudiant prend en référence.

Contenu
L’installation vidéo s’articule autour d’un espace-temps virtuel, celui de l’image vidéographique, et d’un espace-temps réel, celui du dispositif plastique. La synchronisation comme la désynchronisation du son et l’image, la diffusion sur plusieurs écrans dans l’espace. En amenant le mouvement des images dans le cadre muséal, les installations vidéo associent deux régimes esthétiques longtemps antagonistes, celui de la contemplation et celui de l'immanence, propre aux arts scéniques. Le spectateur ne peut oublier ni son corps ni l'espace dans lequel il se trouve.
Le travail s’effectue sous la forme d’un atelier collectif avec un suivi individuel et se déroule en trois phases :
- la phase de recherche pratique et théorique ainsi que les d’expérimentations
- la production du son et des image
- la mise en espace et l’installation

Évaluation
Continue et évaluation de la qualité du projet.
 
HABITER

« Discuter avec mes amis sur Facebook, très peu pour moi, je préfère aller boire une bière avec eux » : voilà probablement le lieu commun qui m’agace le plus. Les réseaux sociaux permettent avant tout de maintenir une forme de contact avec les autres dans des circonstances où, de toute façon, vous êtes séparé d’eux : parce que vous vivez à des centaines ou des milliers de kilomètres ; parce que vous êtes au travail et que votre patron ne semble pas enthousiaste à l’idée de vous laisser tout planter là pour aller boire une bière. Même lorsque je décide de m’enfermer chez moi pour écrire, le fait que je m’interrompe de temps à autre pour admirer une photo ou commenter un statut ne signifie pas que je regrette mon choix.

Derrière ce genre de réflexion, il y a le présupposé selon lequel Internet nous rendrait plus seuls. Ce discours exaspère Zeynep Tufekci, sociologue à Princeton. Le Net, affirme-t-elle, ne crée pas la solitude contemporaine, mais offre au contraire à beaucoup de gens un moyen de la combattre. Grâce à lui, ils peuvent tenter de se rejoindre, ou rester en contact, en dépit des nombreux obstacles que le monde moderne dresse entre eux : « la vie en banlieue qui nous isole les uns des autres », « les longues heures passées au travail et dans les transports », « les migrations qui dispersent les familles à travers le globe », la difficulté de faire des rencontres qui permettent de partager ses centres d’intérêt. 
 
En effet, ce qui se produit en ligne ne cesse de venir provoquer et relancer des événements dans la vie hors ligne. Notre aveuglement à cette dynamique est révélateur de la vision dominante et erronée qui fait du concret et de l’abstrait deux registres étanches. Raison pour laquelle, même si je vois ce qu’il veut dire, la distinction établie par Michael Pollan entre « quelque chose que l’on commente » (sa cabane) et les « commentaires sur quelque chose d’existant » (ses livres) me paraît simpliste. Les échanges sur Internet, comme la pensée, l’imaginaire, le commentaire, ont des répercussions tout à fait tangibles ; ils contribuent à façonner le visage de notre monde. Pollan en fournit lui-même un excellent exemple lorsqu’il dit que sa lecture de La Poétique de l’espace de Bachelard a été décisive pour l’aider à formuler son désir, alors encore vague, d’un « lieu à lui ». Le sous-titre de son essai, An Architecture of Daydreams (« Une architecture de la rêverie »), témoigne de cette influence. Un livre écrit dans la France des années 1950 a donc contribué au surgissement, près de quarante ans plus tard, d’un abri de jardin au fond du Connecticut ; mais aussi à la publication d’un autre livre, qui raconte la genèse de cet abri et qui, voyageant à son tour à travers le monde, donnera peut-être naissance à d’autres cabanes.

À écouter les technophobes, sans Internet, nous vivrions au paradis. Or la plupart des gens, rappelle Tufekci, « ne choisissent pas entre une balade à Cape Cod et les réseaux sociaux, mais entre les réseaux sociaux et la télévision », « média de l’aliénation ultime ». Elle dit son malaise chaque fois qu’elle pénètre dans une maison où le poste est allumé en permanence et où les occupants l’utilisent pour « tuer la conversation ». Non seulement, en effet, la télévision pollue et stérilise la vie domestique, non seulement elle condamne à la passivité, mais elle laisse seul face à la violence du monde. Dans le climat politique actuel, je préfère que les propos ou les événements déprimants me parviennent indirectement, sur un réseau social, par le biais de quelqu’un qui partagera ma consternation, plutôt que de les prendre en plein visage en regardant le journal télévisé. Bien sûr, il se trouvera toujours des intellectuels pour déplorer, comme le sociologue Dominique Wolton, que sur Internet chacun se réfugie auprès de ceux qui pensent comme lui et pour prétendre que les médias de masse sont irremplaçables, car eux seuls auraient la capacité de rassembler. Mais je ne vois pas, pour ma part, en quoi le point de vue sur l’actualité de David Pujadas serait plus pertinent ou moins discutable que celui de quelqu’un que je suis sur Twitter, ni pourquoi je devrais me l’infliger.

Inutile de nier, pour autant, que les réseaux produisent un mode de relation déconcertant. On peut y être en contact quotidien, à travers leurs publications, leur photo de profil ou leur avatar, avec des gens que l’on ne voit que très rarement, ou que l’on n’a jamais vus et que l’on ne verra jamais. Mais, après tout, on aime aussi retrouver certaines signatures dans les journaux et on n’a jamais jugé absurde de lire les articles de tel journaliste sous prétexte qu’on ne le rencontrera probablement jamais. De même, en voyant quelqu’un plongé dans un roman, on n’aurait pas l’idée de l’engueuler en lui enjoignant d’aller plutôt parler à son voisin de palier. Auparavant, seuls les journalistes ou les artistes, écrivains, peintres, musiciens, cinéastes, avaient la capacité de mettre en circulation leur production symbolique ; aujourd’hui, cette possibilité s’est démocratisée. Autant se faire à cette idée.
 

Recherches installations vidéo

Peter Campus
http://www.jeudepaume.org/?page=article&idArt=2685
Peter Campus réalise, dès 1971, des vidéos et des installations en circuit fermé. L'artiste explore les questions de la perception de l’espace, de l’appréhension de son propre corps dans la construction de l’identité à travers des points de vue inédits et des temporalités multiples. Grâce à la transmission en direct de l’image électronique, il invite le visiteur à faire d’étranges expériences de lui-même en le confrontant à des doubles dissociés dans l’espace et le temps, à une image de soi toujours problématique.



Melik Ohanian, The Hand, 2002
https://www.youtube.com/watch?v=hfvr3qs70Gw
Neuf cubes de téléviseurs sont posés au sol de façon aléatoire avec, néanmoins, un angle commun de vision. Chacun de ces cubes enferme une paire de mains d’ouvrier. Nues et désœuvrées, elles se heurtent de temps en temps; et de cette frappe lente et solitaire, marquant plutôt la déception, nait une forme d’applaudissement dans un arrangement qui offre au spectateur un morceau de musique rythmique.


William Kentridge, The Refusal of Time, 2012 
https://www.youtube.com/watch?v=uaPnBorIMmc Née de la rencontre avec le compositeur Philip Miller et d’une série d’échanges avec l’historien des sciences Peter Galison, Refusal of Time mêle musique, lecture, danse, chants, vidéos, dessins, performance et met en scène les interrogations de Kentridge sur la notion de temps.



More Sweetly Play The Dance, 2015
https://youtu.be/pA7uob5PIPw 
Une œuvre immersive qui nous confronte directement aux enjeux migratoires contemporains.


Pipilotti Rist Pixel Forest, 2016
Installations immersives, colorée, géantes au MOMA à New-york
https://www.youtube.com/watch?v=yRnDHu0Fmtk &gt

Pipilotti Rist de son vrai nom Elisabeth Charlotte Rist est née le 21 Juin 1962 à Rheintal en Suisse. Elle étudie le commerce de l'art, le photographie et l'illustration dans l'institue d'Arts Appliqués de Vienne en Autriche de 1982 à 1986. Puis elle étudie les communications audio visuel à l'Ecole de Design à Bâle en Suisse 1986 à 1988. De 1988 à 1994, elle fait partie du groupe expérimental post-punk Les Reines Prochaines pour qui elle réalise ses premières vidéos. Rist éprouve une subversion, vis à vis des clips vidéos, et explore ainsi les différentes voix du féminin et du corps dans représentation lié à la pop culture. Le motif principal de ces vidéos est sa personne. En 1997, elle obtient le prix 2000 à la Biennale de Venise pour sa vidéo Ever is Over All .

https://youtu.be/0z_-ofYzkqE
Interview, le point de l'artiste sur le travail de l'installation vidéo.

Installation dans l'espace public
https://youtu.be/TdCwt8Yk3RY

Doug Aitken
Altered Earth Installation, 2012
https://www.youtube.com/watch?v=-EEl5GE9ObY
Installation à la grande Halle à Arles.
L'installation vidéo monumentale et l'appli iPhone proposent une expérience cinématographique inédite, nous conviant dans des paysages soumis à un autre espace-temps, là où la pensée est fluide et l'architecture liquide.



Song 1, 2012
https://www.youtube.com/watch?v=qoUi7RM3Qac
Dispositif circulaire avec bande son chantée, à la Shirn Kunsthalle de Frankfurt, 2015
http://www.dougaitkensong1.com/



Heike Baranowsky et Ursula Rogg
KviKvi, 2015
https://vimeo.com/126351345
The Icelandic landscape at the foot of the Eyjafjallajökull vulcano, responsible for the near standstill of European aviation in 2010, as well as a 100-year old, brick-built pool built into the rock, form the stage for KviKvi, 2014. Ten women singing together in a choir left their daily routine behind for a week in July 2014 to develop a project together with the artists Heike Baranowsky and Ursula Rogg, and choirmaster Gróa Hreinsdottir. The only predetermined detail was that there would be singing, and the singing would take place within the pool. KviKvi, a traditional Icelandic lullaby, served as the point of departure and as the basis for a range of improvisations in movements and singing which took place during those seven days. Collage-like performance and vocals coalesce with the nature and open into Baranowsky´s extensive, 4-channel video installation. This singing runs like a thread through the entire piece. Humming and different singing exercises gradually accrue to a musical canon during the course of the film, created by Baranowsky by superimposing and shifting two sound tracks. Finally, the sound unifies in a cacophony.

Isaac Julien
https://www.youtube.com/watch?v=lM32TL7VnOw
Ten Thousand Waves, 2013 au MOMA à New-York
Description de l'artiste lui-même du processus d'installation avec les moyens d'un grand musée.



Helen Sturtevant 
Finite/Infinite, 2010
https://vimeo.com/76653051




Elastic Tango, 2010



https://www.youtube.com/watch?v=xRuTEuDD7Tw

Interview de l'artiste en 2014

Guan Xiao
http://www.jeudepaume.org/?page=article&idArt=2487

En combinant les images qu’elle collecte sur Internet, Guan Xiao confronte des phénomènes très hétérogènes selon une logique instinctive et personnelle, et sans égard pour la distance cognitive entre les différentes images qu’elle traite. Il en résulte un mélange de réalités des plus éclectiques qui n’est pas sans évoquer le chaos de l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg.



Cécile B. Evans
Penser un scénario d'installation autour d'une narration et utiliser une maquette pour la concevoir
https://www.youtube.com/watch?v=-UBWJ4FYphU

Résultat de recherche d'images pour "Cécile B. Evans – 'We Live in a Really Unique Moment Now'"



Yuan GOANG-MING, Before Memory, 2011
https://youtu.be/ySHTPGcUdGY
 Résultat de recherche d'images pour "Yuan GOANG-MING, Before Memory, 2011"
Yuan Goang-Ming manipule les images pour décrire l’expérience humaine, souvent tragique dans un monde saturé de technologies. Ici, l’artiste s’inspire d’une résidence abandonnée de Taipei pour exprimer le contraste entre les nouveaux édifices en cours de construction et l’état des ruines abandonnées d’une mine de cuivre.

Texte à lire
Riccardo Venturi, « Écran et projection dans l’art contemporain », Perspective [En ligne], 1 | 2013, mis en ligne le 30 décembre 2014.
https://perspective.revues.org/2004
 
On Stage : la dimension scénique de l’image vidéo, Blou : Le Gac Press, 2012.
172 p. (Ecrits). Mathilde ROMAN

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