A2 Module vidéo - semestre 1 - 2020/2021

Filmer les espaces 

Le contexte de création, et en particulier les espaces dans lesquels on vit et travaille, sont déterminants dans l’expérimentation et la production d’un travail artistique. Nous envisagerons la pratique d’un artiste, tant de manière individuelle que collective, en interrelation, et s’inscrivant dans et avec un milieu. Regarder, enregistrer, se positionner dans des espaces pour qu’ils deviennent les lieux, les acteurs d’un film.

Organisation

Le travail s’effectue sous forme d’atelier collectif avec un suivi individuel. Le semestre se divise en trois périodes : 

1 - Phase de recherche : repérages et expérimentations avec la fabrication de matériel audio-visuel pour constituer une sorte de scénario (esquisses dessinées, photos, sons, courtes captations vidéo). En parallèle, un travail de recherche s’effectue sous la forme d’analyses d’œuvres pour interroger les enjeux des modes de production de ces dernières. L’étudiant·e doit ouvrir un champ, un corpus de recherche discursive et pratique questionnant les relations existantes entre image, esthétique et mode de production. 

2 - Évaluation intermédiaire de l’expérimentation. 

3 - Phase de production : tournage et montage.  

Besoins en matériel à fournir par l’étudiant·e

Disque dur/Carte SD.  

Objectifs

L’étudiant·e acquiert la méthode et les outils nécessaires à l’élaboration d’un projet de “film” qui met en jeu la matière même de l’image en mouvement. Ce travail s’accompagne d’un apport théorique à partir de l’analyse d’œuvres de la création contemporaine et en particulier leurs modalités de production et de diffusion.  

Évaluation

Évaluation intermédiaire du projet. Évaluation collective du projet en atelier vidéo : projection du film et présentation orale critique. 

Coefficient de chaque évaluation sur la note finale 

Évaluation intermédiaire : 50% • Évaluation finale : 50%

Le 28/09/2020

Les ressources :

https://www.ubu.com/film/index.html 

http://www.sonore-visuel.fr/

 

Name June Paik

Bruce Nauman

Steina et Woody Wasulka

Bill Viola

Pipilotti Rist

Sadie Benning

Joan Logue

Tracey Moffatt

Pierre Huyghe

Douglas Gordon

Apichapong Weerasethakul

Steve McQueen


Filmer les ombres

David Claerbout


Filmer les ombres, un moyen de filmer l'espace
 
The Shadow piece 2005
 
À l’origine de cette vidéo en noir et blanc d’une trentaine de minutes, il y a une photo d’archive anonyme trouvée par Claerbout et prise depuis un escalier à l’intérieur d’un immeuble, exemple possible de cette architecture de verre célébrée par Paul Scheerbart (écrivain de science-fiction 1914). Elle montre l’entrée du bâtiment fermée par une série de portes en verre. Dans la vidéo, plusieurs personnes défilent derrière cette barrière transparente pour tenter de l’ouvrir, mais elles n’y parviennent pas. La source de lumière située dans leurs dos projette à l’intérieur de la structure construite leur ombre, seule forme et finalement seule matière – ténébreuse – capable de pénétrer cette manière de boite transparente. Ces taches de grisaille donnent aux personnages qui se succèdent toute leur présence, ils en sont comme la signature fluide et impalpable, mais suffisamment réelle aussi, suffisamment matérielle, pour briser les frontières de l’espace. Si la partie supérieure de la projection accueille le mouvement ininterrompu des figures qui semblent directement sortir d’un film américain des années 1950, la partie inférieure est statique, strictement photographique. On peut regarder cette oeuvre à tout moment, l’observer et la quitter pour revenir ensuite, quand on le souhaite, la fixer du regard : cela n’a aucune importance, car cette vidéo, comme nombre de travaux de Claerbout, n’a ni début ni fin, elle est une pure expérience visuelle et temporelle qui expose une scène et non pas une histoire, un récit.

 
Maya Daren, réalisatrice américaine d'origine ukrainienne, 1917-1961

Meshes of the Afternoon (mailles de l'après-midi)
https://www.youtube.com/watch?v=YSY0TA-ttMA


Le miroir, un espace fantastique
Nous étudierons un artiste canadien Mark Lewis né à Hamilton au Canada, et qui vit aujourd’hui à Londres. Après avoir pratiqué la photographie, puis réalisé des interventions dans l’espace public, il découvre les possibilités de l’image en mouvement en 1994 : à l’occasion d’un projet sur l’iconoclasme dans l’ex-Union soviétique, il réalise Disgraced Monuments avec la théoricienne du cinéma Laura Mulvey. Lewis s’intéresse en particulier aux films des frères Lumière, lesquels cherchaient à décrire une action – comme un train entrant en gare ou une barque sortant d’un port – en exploitant au mieux la durée d’une bobine, quelques secondes à l’époque. L’exemple de cette utilisation efficace de la durée du film au service d’une intrigue prélevée dans le quotidien a conduit Mark Lewis à prendre pour matière première des moments ou des états de la réalité environnante, déjà chargés d’une cohésion temporelle spécifique. Loin de tout effet spectaculaire, il travaille des sortes de séquences qui se prêtent à une perception cinématographique
http://www.crane.tv/mark-lewis

Les récits autour des lieux désaffectés en référence à la musique
Anri Sala, Le Clash 2010
Should I Stay or Should I Go ? C’est autour de cette chanson punk qu’Anri Sala construit l’oeuvre Le Clash, du nom du groupe britannique auteur de ce morceau culte sorti en 1981. Le film se déroule aux abords d’un bâtiment à l’architecture moderniste, une salle de concert désaffectée en périphérie bordelaise où le groupe légendaire s’était produit.
D’un orgue de barbarie et d’une boîte à musique s’échappe en stéréo l’air du tube, version berceuse et ritournelle. Cette musique donne à entendre la tension (« le clash ») entre un lieu devenu fantôme où résonnent les échos d’une attitude, la révolte punk et une esthétique à visée sociale, voire utopique, le mouvement moderne. La question de l’écho est ici abordée dans ses deux dimensions : à la fois celle du temps, puisqu’on y rejoue la même musique des décennies après, et celle de l’espace, en réactivant par le son les murs de ce lieu autrefois vivant.
Mark Lewis

Mark Lewis suit une logique de la fragmentation en disséquant les constituants du film pour en extraire les composants propres au cinéma. Selon Mark Lewis, il s’agit de donner à voir un « simulacre de cinéma ». Dans cette exploration du langage cinématographique jouant avec un cinéma passé, Mark Lewis travaille cette matière même qu’est l’image ainsi que sa réception. Il initie, en conséquence, un nouveau devenir du cinéma qui tisse des liens étroits avec la peinture et la photographie. Cet au-delà de l’image est alors à l’œuvre dans ces trois films qui donnent à voir les diverses problématiques abordées par Mark Lewis : les notions d’archéologie du quotidien, la question de l’urbanité et du paysage contemporain, les rapports entre figure et fond, entre art et cinéma.

En effet, interrogeant « l’architecture conceptuelle du cinéma », le film Rear projection: A Modernist Back Story met en exergue les relations entre figure et fond. Située sur un plateau de cinéma, Molly Parker, actrice de cinéma et de fictions télévisuelles, est debout, seule devant un écran sur lequel un paysage est projeté. Ce film questionne la dissociation de ces deux espaces spatio-temporels rappelant les artifices illusionnistes du cinéma hollywoodien tout en entrant en résonance avec certains portraits de la peinture de la Renaissance.

Dans le film Isosceles, les architectures disparates d’une même ville sont réunies dans un long travelling dont l’objet est une petite construction triangulaire, murée et noircie de gaz d’échappement. Par le déplacement lent et circulaire de la caméra l’artiste porte le regard d’un archéologue du quotidien sur ce bâtiment désaffecté, et questionne l’urbanisme anarchique dans lequel il s’insère.
Ces lieux de la réalité esquissent l’œuvre de Mark Lewis qui, à partir, de cette syntaxe travaille une autre vision du monde. Le film Spadina : Reverse Dolly, Zoom, Nude est entièrement composé d’incursions scopiques au sein d’une ville par des travellings et des zooms entre les feuillages d’un arbre et la façade d’un immeuble austère. Ce film plonge le spectateur dans un silence absolu concentrant par là son attention sur l’exercice du regard.

Mark Lewis use de cette gestualité du regard que proposent les pratiques cinématographiques en créant des passages et des liants entre des fragments d’histoire, des images du monde contemporain, matériaux de son œuvre.



https://www.youtube.com/watch?v=IjCKzEyFABY
 
Les grands espaces

Invisible film 2005
Installation vidéo
Projection vidéo couleur sonore en boucle et diffusion sur moniteur des sous-titre du film "Punishment Park" en version originale
Durée : 90’
Invisible film (2005) de Melik Ohanian est le film sonore et sous-titré d’une projection : la projection 35 mm d’une copie originale du film Punishment Park de Peter Watkins sur le lieu où le film a été tourné en 1971. Melik Ohanian a réalisé la projection en temps réel à la nuit tombante et sans écran, dans le désert de El Mirage en Californie. Interrogeant la question du genre documentaire et de la fiction, Punishment Park est un film politique qui a été censuré pendant 25 ans aux Etats Unis. Par la réappropriation qu’en fait Melik Ohanian, le film redevient invisible puisque il a pour écran le paysage (évocateur d’un des deux grands genres du cinéma américain : le western et le road-movie) et montre le dispositif cinématographique lui-même. C’est le son (les dialogues des protagonistes) qui le rend appréhendable, compréhensible, dans son propos initial et engagé.

Punishment Park, 1971 de Peter Watkins
La guerre du Viêt Nam s'enlise. Face à la contestation accrue du mouvement pacifiste, le président Richard Nixon décrète l'état d'urgence. Militants des droits civiques, féministes, objecteurs de conscience, communistes, anarchistes sont arrêtés et conduits devant un tribunal exceptionnel populaire. Au terme d'une procédure accusatoire sommaire, ils sont condamnés à de lourdes peines pour atteinte à la sûreté de l'État. Cependant, ils ont le choix d'échanger leur peine contre un séjour à Punishment Park, un parc d'entraînement pour les policiers anti-émeutes et les militaires américains. Là, ils devront traverser le désert en trois jours, sans eau ni nourriture, sur 85 km pour atteindre un drapeau américain, poursuivis par un escadron de policiers armés jusqu'aux dents.
Une équipe européenne de documentaristes suit deux groupes de militants, l'un, durant le procès, l'autre, purgeant sa peine à Punishment Park.

La fiction

Play Time 1958 de Jacques Tati

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19546263&cfilm=1363.html 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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