Module Image A2 semestre 4 Vidéo

 Synchronisation
Objectif
L’étudiant acquiert les outils nécessaires à l’élaboration de son projet et de sa recherche, en particulier dans le domaine de la vidéo. Il réalise un projet vidéo qui prend en compte le mode de diffusion dans l’espace et en particulier le dispositif sonore

Contenu
› Pratique et théorique.
› Synchronisation – silence et doublage.
L’atelier questionne le dispositif de l’image en mouvement et du sonore dans l’espace d’exposition :
– Acquisition d’une somme de savoirs issue d’une recherche dans le champ de la création contemporaine liée à la question de la vidéo, du son et des médias.
– L’étudiant doit aborder ces problématiques sous la forme d’une recherche théorique et référence ainsi que de façon pratique en réalisant un projet individuel.
– Acquisition d’une méthode de documentation sur l’œuvre d’un artiste, liée la problématique de l’étudiant (références).

Nature de l’évaluation
› Continue et ponctuelle.
L’évaluation est collective et se fait en deux temps : une première
fois à mi-semestre sur la phase de construction du projet et dans un deuxième temps lors de la présentation du dispositif. Sont évalués :
– La maitrise des techniques de captation et de montage.
– L’intelligence à manipuler les matériels utilisés en fonction du projet.
– L’acquisition d’une méthode de travail en regard du projet.


Musique et Silence
« Jamais je n'ai vu de jour si beau et si affreux ». « So foul and fair a day I have not seen » Macbeth. Acte I scène 3. Ce vers est cité par Alex un des personnage du film Elephant, 2003 de Gus Van Sant. Alex prononce ces mots dans un bref soliloque prononcé au moment de la tuerie.

A partir de visionnement d'extraits de ce film nous allons étudier le rapport du son à l'image et l'utilisation de la musique et du silence.

Michel Chion qui a analyser le son au cinéma, parle de sons en trois zones d'ancrage : in, off et hors-champs.
In ou son synchrone, c'est le son que l'on entend et que l'on voit. Par exemple on voit parler l'acteur dont on entend la voix en même temps ; on voit fermer la porte que l'on entend claquer.
Hors champ, la source de son n'est pas visible dans l'image au moment de l'émission de ce son, qu'il s'agisse d'un personnage toujours présent à l'action mais dont la caméra s'est détournée. Il s'agit d'un son qui reste pour nous situé imaginairement dans le même temps que l'action montrée, dans un espace contigu à celui que montre le champ de l'image.
Off, un son qui émane d'une source invisible située dans un autre temps et/ou un autre lieu que l'action qui est montrée dans l'image. Par exemple la musique de film, la voix-off du narrateur racontant l'action au passé.

Ces sons n'ont pas de texture ou de couleur particulières, ils sont in, hors-champ ou off, que par rapport à une image, et dans ce rapport même, à l'instant où il s'établissent.
Zone acousmatique = zone invisible


Évidement les frontières entre les sons sont poreuses. Il peut y avoir des son qui passent de in à hors-champ, et inversement c'est la situation la plus courante d'un plan à l'autre.
In/off est moins évidente.
Off/ hors-champ est la plus mystérieuse parce que l'on ne la voit pas.

Exercice :
Vous chercherez dans les films que vous connaissez des exemples pour illustrer ces différences entre les sons en rapport à l'image.


Le doublage ou le fantôme du réel
Perception fantômes
Il n'y a pas de bande son liée à l'image. On peut travailler les sons de manière autonome entre eux. La séquence du film de Federico Fellini en est un bon exemple. C'est la première séquence du film, celle des hélicoptères transportant une statue géante du Christ au dessus de Rome.
Exercice de description audio-visuelle de cette séquence.
2 fois son + image
1 fois sans le son
1 fois sans l'image
1 fois avec son + image












Faire une description audio-visuelle :
Dans le premier plan le son des hélicoptères n'est pas entendu pendant plusieurs secondes alors qu'ils sont déjà visibles : seulement-vu, seulement-entendu : sous un seul sens.
Fantôme des perceptions dans le sens de Merleau-Ponty dans « L'oeil et l'esprit ».
Le bruit de moteur des l'hélicoptères n'est pas toujours proportionnel au changement de grosseur des
appareils dans le plan.
Pas de correspondance mécanique et synchrone entre les deux phénomènes, plutôt une sorte de propagation vivante en forme d'ondes avec des retards et des décalages. La séquence comporte aussi d'autres phénomènes sonores plus passagers se produisant en vagues et qui sont soit absorbés par le vrombissement de l'hélicoptère ou absorbant eux-mêmes dans un processus de fusion et d’absorption sans fin. Par exemple les cris d'une nuée d'enfants qui courent dans la rue avalés par le bruit de l'hélico puis ce dernier est à son tour comme absorbé par le carillon des cloches e Saint Pierre de Rome.
Ce que l'on voit est influencer par ce que l'on entend et réciproquement. On se projette sur l'image ce que l'on entend et on e sur le son ce que l'on voit. Et on reprojette le tout sur l'écran.

On peut regarder aussi les trois premières minutes de 8 et demie de Federico Fellini aussi.
https://www.youtube.com/watch?v=6TsElhgMeXE
C'est aussi un bon exemple du travail du son. Moins démonstrative que dans la Dolce Vita mais aussi intéressante.

Le doublage
Une autre manière de synchroniser ou de désynchroniser le son et l'image est le doublage.
Exemple de doublage avec des voix qui nous sont familières.
https://www.dailymotion.com/video/xc2u0v

Clément Rosset, dans un livre Impressions fugitives, Minuit, 2004, se plait à remarquer que si certains doubles du réel ont pour fonction de lui dénier toute réalité, d’autres au contraire lui sont essentiels. En effet, si certaines figures du double relèvent du fantasme, de l’imagination, et sont autant d’illusions produites par les hommes pour échapper au réel, d’autres – au nombre desquels on peu compter le reflet, l’ombre et l’écho – apparaissent comme des « doubles de proximité » sans lesquels il n’y a pas de réel. S’appuyant sur des exemples littéraires, Rosset montre combien le corps sans ombre perd du même coup toute prétention à l’existence. La littérature fantastique comme la peinture surréaliste ont su exploiter l’inquiétude que pouvait engendrer la perception d’un objet sans ombre ou sans reflet.
Perceptions en plein
Le son enrichit l'image d'une valeur ajoutée qui semble se dégager naturellement de celle-ci. Effet Koulechov simultané)
Perceptions en creux
Par suggestion lorsqu'un son est fortement suggéré par la situation et l'image mais qui est absent alors que d'autres sons sont entendus.

Le fantôme du cri de Wilhelm
Blade Runner
Ridley Scott
Les scènes de rues sont importantes dans le film sur une métropolis du futur, on a le sentiment que la rue est très peuplée. On voit très peu de figurants dans l'image et on entends beau coup de sons. Et en sortant du film on est persuadés d'en voir vu beaucoup.
45:24
Le rapport son et image repose donc sur des phénomènes d'illusionnisme à travers des effets que l'on va ressentir. Un effet pas dans le sens péjoratif de manipulation ou d'erreur de perception.
Parce que dans la vie quotidienne, il n'en va pas autrement. Il y a sans cesse des situations où il y a de la projection, de l'anticipation, de l'interprétation et de la contamination entre les sens qui ne fonctionnent pas de manière étanche.

Blanche Neige Lucie (1996-1997)
Pierre Huyghe
À la suite d'un procès intenté à la société Walt Disney par l'interprète de la voix française du personnage de Blanche-Neige, dans le dessin animé éponyme, l'artiste est allé interviewer Lucie Dolène, afin qu'elle lui raconte cette part d'elle-même qu'elle a perdue puis regagnée : son histoire, la façon dont elle s'est identifiée au personnage et dont, en France, on l'a identifiée à lui. Qu'est-ce qu'un héros de conte de fées ? Et un personnage de dessin animé ? La voix humaine d'un tel personnage ne peut-elle être considérée comme un acteur, puisque par son interprétation elle lui apporte toute sa profondeur et sa chaleur, sinon la chair de son incarnation dans le réel de nos vies ?
Le reflet, l’ombre et l’écho
On sait depuis longtemps que le réalisme en tant que rendu le plus piqué, le plus précis et le mieux observable de la réalité est souvent le moins crédible, il fait moins « vrai » alors que son contraire, un image floue, granuleuse, cahotante, tremblée. Celle-ci donnera un effet d'authenticité et de croyance beaucoup plus convaincant que la précision chirurgicale d'une image lisible et définie.
Quand est-il du son ?

Pierre Huygue une nouvelle histoire
https://vimeo.com/25072628
https://vimeo.com/16310109

Images subliminales

Un message subliminal est un stimulus visuel ou sonore conçu pour être perçu par notre subconscient. Des techniques subliminales ont souvent été utilisées dans la publicité, la musique et la politique, comme vous le découvrirez tout au long de cet article. Leur efficacité porte cependant à débat.

Walt Disney
Contenu pratique :
Réalisez un film en vous inspirant de la phrase :
« Jamais je n'ai vu de jour si beau et si affreux ».
Dans ce film le son prend en compte au moins deux champs évoqués dans la partie théorique. Vous utiliserez au maximum le déplacement dans l'espace, d'un lieu à l'autre, d'une action à une autre en vous servant au maximum des différents steadycam disponibles à l'école.

Bibliographie :
Le son au cinéma, Michel Chion médiathèque Cote :  791.43 CHI - d
Audio-vision (son et image au cinéma), Michel Chion 1991
On Stage, la dimension scénique de l'image vidéo, ROMAN Mathilde, Le Gac Press 2011Erik
Point Ligne Plan : cinéma et art contemporain (dir) Erik Bullot, édition Léo Scheer, 2002
Sortir du cinéma – Histoire virtuelle des relations de l’art et du cinéma, Erik Bullot.MAMCO – Histoire à l'essai & archives contemporaines.
La question vidéo : Entre cinéma et art contemporain, Philippe Dubois, Yelow Now 2012
Cinéma contemporain : du film à lʼinstallation, Luc Vanchéri, Editions Aléas, 2009

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