La géographie du temps

Le temps est à la fois « un outil avec lequel façonner et ciseler, et un matériau que l’on peut plier, tordre et configurer ».

Objectif
L'étudiant acquière la méthode et les outils nécessaires à l'élaboration de leur projet et de leur recherche dans le domaine de la vidéo. Il réalise un projet vidéo qui prend en compte l'expace d'exposition ou de diffusion : l'installation vidéo

Méthode
Travail d'atelier collectif : à partir de l'étude du processus du travail d'artistes contemporains dans le domaine de l'image en mouvement ainsi que d'un choix d’œuvres historiques l'étudiant élabore un projet individuel de film jusqu'au dispositif de diffusion, c'est à dire l'installation vidéo.
 
 
Les séances "ressources" (projections, analyses, discussions) alternent avec des séances où l'étudiant présente l'avancée de ses recherches ainsi que ses références étudiées. Rendez-vous individuels à prendre par email, pour la construction du projet de l'étudiant.
 
Contenu
Une manifestation possible d'une approche physique du temps, essence même des médiums vidéographique et photographique, le temps est appréhendé ici dans son caractère tout subjectif : à travers ses « trous », ses ellipses, ses retours, ses ralentis, ses répétitions, ses simultanéités, ses coïncidences.

Cette « géographie du temps » se retrouve dans la forme, dans le montage des films et de l'installation vidéo, dans leur dimension spatiale et architecturale, dans l’ambiguïté qu’elles entretiennent entre l’image photographique et l’image en mouvement. La photographie peut être utilisée comme « moments photographiques » –, ou encore dans les écarts qu’elles opèrent entre le son et l’image.

Evaluation
L'évaluation est collective et se fait en deux temps : une première fois à mi semestre sur la phase de construction du projet et dans un deuxième temps lors de la présentation de l'installation.
Est évalué :
- La maîtrise des techniques de captation et de montage.
- L'intelligence à manipuler les matériels utilisés en fonction du projet.
- L'acquisition d'une méthode de travail en regard du projet.


 
Fiona Tan
La question de la mémoire, le souvenir.
Installation le double écran.
 
24 Hour Psycho (1993), Douglas Gordon
Film utilisé : Psychose (Psycho, 1960) de Alfred Hitchcock
Cette installation, consiste en la projection au ralenti, de manière que la durée originale du film (109 minutes) s'étend sur toute une journée. Ce processus assez simple, produit cependant un mécanisme complexe au niveau de la mémoire du spectateur. Selon Douglas Gordon, "il est tiré vers le passé mais aussi vers le futur lorsqu'il réalise que l'histoire, qu'il connait déjà, ne semble jamais se dérouler assez rapidement. Entre les deux, se trouve aussi un présent qui évolue tout doucement et se dissout, tout en restant hors du temps".
Il y a un jeu narratif qui se déroule pendant la projection -peu de personnes regardent l'œuvre dans sa totalité- relatif au fragment fortuitement regardé. Notamment, l'utilisation d'un film très connu produit ce type de processus, qui ne fonctionne pas avec un film inconnu. La narration n'est pas dans l'installation même, mais dans l'esprit du spectateur.
http://www.wat.tv/video/24-hours-psycho-bref-extrait-41plb_2tg2r_.html
 














5 Year Drive-By (1995), Douglas Gordon
Film utilisé : La Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) de John Ford
L'opération appliquée à Psychose est mené à son extrême. La durée du film original est de  113 minutes, mais le récit raconte une histoire de cinq ans. "L'image ne changerait que toutes les quinze minutes, de façon à ne montrer qu'une seule seconde du film par jour de projection."
La relation entre temps réel, temps de durée du film et temps interne à l'histoire se confond ainsi en un seul temps. La projection la plus longue de cette œuvre s'est prolongée sur 47 jours dans un désert des États-Unis, montrant qu'une petite partie du projet envisagé par l'artiste.
D'autres projets existent qui travaillent avec l'idée extrême du temps et de la perception, comme la projection sur 639 ans de l'œuvre de John Cage As Slowly as Possible, qui a commencé en 2001, ou le String Quartet Nº 2 de Morton Feldman, qui a une durée de presque six heures sans interruption, avec des nuances des plus faibles entrez les images, présentant un véritable défi à la perception.




he Confessions of a Justified Sinner (1995), Douglas Gordon
Film utilisé : Docteur Jekyll et Mr. Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde, 1931) de  Rouben Mamoulian
https://www.youtube.com/watch?v=hrPPXObT7z4
Deux écrans mis de biais, l'un avec un angle positif et l'autre avec un angle négatif, montrent trois extraits du film, dans lesquels le Dr. Jekyll se transforme en Mr. Hyde, projetés au ralenti.  Il y a ici, bien évidemment, d'après le roman de Stevenson, l'opposition entre le bien et le mal ; en plus, il utilise pour le titre un autre roman écossais du XIXe siècle, sur le même sujet. Il est intéressant de voir comment l'artiste a utilisé ce film et en a extrait la partie la plus symptomatique, la partie dont on parle depuis les années trente, très emblématique et représentative des effets spéciaux utilisés à l'époque.













Portrait de Douglas Gordon
http://www.vice.com/en_ca/video/douglas-gordon


Electric Earth 1999 Doug Aitken
Une histoire de synchronisation et désynchronisation du temps et de l'espace. 
http://www.ubu.com/film/aitken_electricearth.html

L'installation multi écran
https://www.youtube.com/watch?v=LSziysd2Duk 
https://www.youtube.com/watch?v=-EEl5GE9ObY

Gray (1993)
http://www.ubu.com/film/ahtila_gray.html

Les films et les installations cinématographiques d'Eija-Liisa Ahtila explorent la question de la narration et sont autant de récits sur des expériences humaines extraordinaires. Les films d’Ahtila se retournent sans cesse sur les mêmes questions : la séparation, la sexualité, l’adolescence, les liens familiaux, la désintégration mentale et la mort.
Le thème de GRAY est le changement qu'une catastrophe opère sur la réalité et la frontière floue séparant l'autre de l'ego. Le film traite d'une situation dont l'autre ne peut être exclu (...). Trois femmes parlent d'un désastre nucléaire qui survient au-delà des limites de l'Etat et décrivent les événements qui en découlent. Le discours est allusif ; il contient à la fois des faits matériels sur les accidents nucléaires et des pensées personnelles. Les femmes descendent par un monte-charge dans un lieu sombre situé sous l'eau. Le changement, qu'il soit provoqué par les retombées radioactives d'un accident nucléaire ou par l'invasion d'une langue et de coutumes étrangères, est définitif - il devient impossible de revenir à son ancien foyer.

Installations vidéo:
Video Quartet 2002 Christian Marclay
http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/cmde/CMDE000001900/03.htm
A visionner sur you tube

  1. http://www.youtube.com/watch?v=9VmXoeZir7A


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