Atelier vidéo A2 art semestre 4

Année 2013/2014
Première partie jusqu'au 8 avril 2014

Voyages immobiles
Cours le mardi après-midi et en atelier avec Bernard Guiné le jeudi matin

Contenu théorique
Le numérique et internet permettent de se déplacer rapidement en restant assis devant son ordinateur dans toutes les régions du mondes mêmes dans des endroits inaccessibles par la terre. Des images de ces lieux toujours plus nombreuses circulent et foisonnent. Ces nouvelles données modifient la figure du voyageur, de l'explorateur. Les frontières politiques et géographiques deviennent floues. Que font les artistes de cette situation? Qu'est-ce qui se modifie dans la manière de créer des récits?
Linéarité, simultanéité, montage, faux raccords?

Méthode
REmix
Le principe est simple, réutiliser, recycler, réemployer des images et des sons réalisés par d'autres pour créer à son tour un récit nouveau, une esthétique nouvelle, différents de ce qui avait été conçu initialement.

La question du droit d'auteur
RIP! a remix manifesto 2008 durée : 86mn 24s de Brett Gaylor
Le réalisateur montréalais Brett Gaylor questionne le rôle du droit d’auteur dans l’ère numérique, en faisant tomber les barrières entre consommateurs et producteurs de culture…
Pourquoi le passé devrait-il contrôler le futur ? Walt Disney, par exemple, a largement puisé son inspiration dans le domaine public (les contes de Grimm et de Perrault, entre autres). Pourtant, la société Disney a toujours poursuivi les créateurs qui empruntaient un peu trop visiblement aux personnages de son univers, comme les Air Pirates, ces dessinateurs radicaux du début des années 1970 qui voulaient faire de la souris Mickey un symbole du conformisme et de l'hypocrisie de la société américaine.
Composé lui-même brillamment comme un remix - certaines séquences ont été envoyées par des internautes sur opensourcecinema.org, une plateforme de partage de vidéos mise en ligne par le réalisateur -, ce documentaire en forme d'ode libertaire démontre avec justesse que l'on ne saurait sans dommage brider toute forme de création.

Filmographie
Gwenola Wagon
Artiste, réalisatrice et chercheuse
Video HD, sound, color, 70 mn
Walt Disney souhaitait que Disneyland soit le plus merveilleux endroit de la terre, et qu’un train en fasse le tour. Comme le Carolwood Pacific Railroad, un petit train miniature à l’image des premiers trains de la conquête de l’ouest, le projet futuriste de ligne de chemin de fer circulant autour du monde pour en faire littéralement le tour était surnommé Jules Verne en hommage aux 80 jours. Cependant, les Google managers ont trouvé beaucoup plus simple: modéliser une terre à dimensions variables pour qu’on l’explore sans avoir à se déplacer physiquement à travers le globe.
Globodrome est une une enquête sur les représentations du monde à partir d’un globe virtuel en suivant le même itinéraire que Phileas Fogg et Passepartout dans Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne.
L’itinéraire suit les latitudes d’Est en Ouest et coupe tous les méridiens du globe en passant de Londres au Mont-Cenis, de Brindisi à la mer rouge, du canal de Suez au paradis artificiels en série, de détroit de Bab-el-Maneb à une princesse saoudienne, des espaces disparus d’Aden à Socotra, de Bombay à Benares jusqu’à Kolkota et du détroit de Malacca à Singapour et son dragon de Komodo, de la traversée en mer de Chine à Hong Kong, de la baie de Taiwan à Yokohama, du 180è méridien à San Francisco, de Sacramento à Reno, de Mustang ranch à l’interstate 80, de Salt Lake City à des Moines, de Chicagoland à New York et de Dublin à Londres.
Globodrome est un essai sur les représentations du monde à l’ère des stallites géo stationnaires, une enquête photographique, historique, géographique, topologique, anecdotique, politique interrogeant le statut d’un globe virtuel donnant à l’explorateur un regard déictique et transformant la Terre en un fascinant et dramatique métavers.
 
Bernard Heidsieck est né en 1928. Il est dès 1955, à Paris, l'un des pionniers de l'effervescente et cosmopolite « poésie sonore », bientôt rebaptisée par lui « poésie action ». Son œuvre inclassable et libre apparaît comme une des plus inventives et des plus marquantes de la seconde moitié du XXe siècle. Animé par un inlassable désir de poésie, il réclame et élabore une poésie « debout », prenant compte, à voix le corps, toute la langue et tout l'homme dans la langue. La plupart des oeuvres de Bernard Heidsieck sont publiées aux éditions Al Dante.

Vaduz 1974
12 minutes

"Mais que faire de Vaduz ? Qu'en faire ? Sinon, tourner, tourner autour [...] Et faire de Vaduz, ce maxi-village, capitale de ce mini-territoire situé au centre de l'Europe, le Lichtenstein, l'un, sans doute, des plus petits pays du monde, le centre même de notre globe, de notre fichu globe terrestre ! [...] Il s'est agi alors de tracer sur une carte du monde, à partir de Vaduz, des cercles d'égale largeur, s'en éloignant en parallèles successives jusqu'à en boucler la surface totale. [...] Le travail suivant ayant consisté à inscrire dans chacun des cercles, en partant de Vaduz, cercle après cercle, et à leur emplacement géographique, toutes les ethnies rencontrées au cours de ce parcours circulaire, toutes les ethnies possibles, y vivant là, dans leur spécificité de langue, culture, coutumes, aspirations et singularités..." Sans n'omettre personne. Vraiment personne...

Christian Marclay
The Clock 2010
24 heures

The Clock est une vidéo d'une durée de 24 heures, composée d'environ 3000 extraits de films et séries, toutes époques confondues. La particularité de ce travail est qu'il se focalise sur le rythme du temps qui passe simultanément au temps réel, vécu par le spectateur. L'Américain Christian Marclay a débuté la réalisation de cette oeuvre il y a trois ans.  Son intérêt est d'établir des relations étroites entre l'art visuel et le son.
Le principe de la vidéo est simple: il s'agit d'un collage d'extraits de films et séries télévisées dans lesquelles apparaissent horloges, montres, réveils... Ces séquences ont été tissées de manière à reconstituer une journée de 24 heures. Et l'ensemble est diffusé en fonction du temps réel. En d'autres termes, lorsque dans le film, une horloge indique 16 heures, il est également 16 heures à la montre du spectateur.
L'objectif est d'immerger le visiteur dans trois temps opposés et pourtant complémentaires. Le temps de la fiction, avec ces nombreux extraits de films et séries, d'Hitchcock à La Guerre des mondes de Spielberg (2005) James Bond – ou de séries connues – The Simpsons, Sex and the City ou The Twilight Zone, par exemple. Un temps passé et personnel, jeu de mémoire, qui souhaite ramener au statut de spectateur au cinéma et devant la télévision. Et un temps présent, analogique, avec le temps permanent dans la vidéo, qui passe à la même vitesse que le temps réel.
Le principe de la vidéo est simple: il s'agit d'un collage d'extraits de films et séries télévisées dans lesquelles apparaissent horloges, montres, réveils... Ces séquences ont été tissées de manière à reconstituer une journée de 24 heures. Et l'ensemble est diffusé en fonction du temps réel. En d'autres termes, lorsque dans le film, une horloge indique 16 heures, il est également 16 heures à la montre du spectateur.

György Palfi
Réalisateur et scénariste hongrois.
Contraint par l’absence de moyens de production, le cinéaste hongrois György Pálfi a réalisé un chef d’œuvre du "mashup" .
Final Cut  : Ladies and gentlemen

Avec « Final Cut », il cherche à partager une expérience : celle d'une rencontre avec l'image et l'Histoire d'un médium jeune aux possibilités infinies, synthèse de tous arts. Ce qui est à l'oeuvre dans le film, c'est la capacité du cinéma à créer l'émotion, et d'instaurer avec le spectateur une relation à la fois intime et collective, un nous et un moi. Car le cinéma, après appropriation, devient un objet de partage, un sujet de discussion, et une matière constitutive d'une identité culturelle. Palfi joue aussi sur la transmission, la transmission d'une connaissance cinématographique qui relie jeunes et moins jeunes, à travers des films aussi magnifiques qu'intemporels.


Julian Palacz
Vit et travaille à Vienne.

Algorithmic search for love
Algorithmic Search for Love est un moteur de recherche d’un nouveau genre.
Cette collection personnelle devient ainsi une base de données collective dans laquelle chaque mot ou chaque phrase prononcée peut être recherchée par le spectateur. En entrant par exemple une requête telle que “je t’aime”, l’œuvre de Julian Palacz projette sur l’écran en face du spectateur toutes les séquences vidéo tirées de films dans lesquelles ces mots sont prononcés.
La sélection des mots-clés détermine donc le processus de remise en séquence de l’image et du son. En les diffusant bout à bout et en temps réel, un nouveau récit audiovisuel se fait jour pour le spectateur.

Clemens von Wedemayer

Otjesd/Leaving (2005)
2005, 15 min, color, sound

La boucle constitue un des éléments-clé de la construction des films de von Wedemayer. Dans Ostjed, on retrouve cette même construction circulaire du mouvement de caméra et du « scénario » : on y tourne littéralement en rond. Se référant aux tentatives de ressortissants des anciennes républiques de l’Est au milieu des années 2000 pour se procurer des visas pour les pays de l’Ouest, en l’occurrence le consulat d’Allemagne à Moscou, cette nouvelle « boucle » s’accorde cette-fois ci parfaitement avec la réalité décrite par les anciens candidats : on y retrouve les sujets chers à l’auteur, le sentiment de surplace et l’impression d’une réalité bien plus fictionnelle que celle de l’invention scénaristique. 


Le Tour du monde en instantané
Digigraphies, papier Hahnemühle et Dibond, 120 x 68 cm, 2011 - 2013
http://www.eb-mm.net/fr/projects/le-tour-du-monde-en-instantane

Le Tour du monde en instantané consiste en différentes séries d'images opérant une objectivation du paysage sur un axe donné du globe terrestre (équateur, tropique du Capricorne, etc.). Elles sont chacune obtenues par la réunion et l'agglomération de centaines de captures prises tout autour de la terre.
Dans le monde réel, ce genre d'image pourrait être obtenu si l'on effectuait le tour du monde en une seconde, en fixant l'horizon avec un appareil photo dont le temps de pose serait d'une seconde lui aussi. Ce protocole impossible physiquement est ici appliqué à Google Earth, offrant des images au rendu pictural, diaphane et analogique.

Commentaires

Articles les plus consultés