Sermestre 2 A2 2024

Le temps est à la fois « un outil avec lequel façonner et ciseler, et un matériau que l’on peut plier, tordre et configurer ».


 

Géographie du temps

Une manifestation possible d'une approche physique du temps, essence même des médiums vidéographique et photographique, le temps est appréhendé ici dans son caractère tout subjectif : à travers ses « trous », ses ellipses, ses retours, ses ralentis, ses répétitions, ses simultanéités, ses coïncidences. Cette « géographie du temps » se retrouve dans la forme, dans le montage des films et de l'installation vidéo, dans leur dimension spatiale et architecturale, dans l’ambiguïté qu’elles entretiennent entre l’image photographique et l’image en mouvement. La photographie peut être utilisée comme « moments photographiques » –, ou encore dans les écarts qu’elles opèrent entre le son et l’image.
 
Le ralenti
Le ralenti au cinéma est la différence entre la prise naturelle de 24 images/seconde et la vitesse de projection de ces images. Est-ce une situation plus réelle ou moins naturelle? Est-ce la falsification du réel? Le cinéma est-t-il le reflet du réel?
Inversement le montage est un raccourci dans le temps d 'une action en cours ou réelle. Il est un artifice du récit. (ex. :Le mystère Picasso en streaming)
L'arrêt et la reprise sont les cas limites de l'accélération et du ralenti.
Au cinéma le temps n'a pas de valeur absolue, il est une échelle à dimension variable : l'enregistrement automatique du réel, le moulage ou l'empreinte de la durée, le plan fixe, le plan long, un espace indécidable.
 
Les origines du cinéma
Les origines du cinéma sont le défilement d'images fixe à 24 images par seconde.
L'animation des images : Marey, Muybridge, la décomposition du mouvement, l'histoire de la chronophotographie. Il est intéressant de voir comment le cinéma est née aussi de recherches et inventions d'instruments d'enregistrement et de projection (caméra et projecteur) et la recherche scientifique (ex. : la botanique et l'étude de la pousse des végétaux N°2)
 
Le ralenti cinématographique
Le ralenti au cinéma est ce qu'il y a de plus irréel. Il consiste à donner par apparence le mouvement d'un mécanisme à n'importe quel mouvement vrai. Il donne du mécanique sur du vivant à détruire tout ce qu'un geste peu contenir de grâce et de liberté. Le ralenti montre le flux de la réalité mais pas comme un long fleuve tranquille mais plus comme un torrent plein de remous, de courants de vitesse variable.
L'apparition de la vidéo et du numérique
Depuis l'apparition du numérique les régimes temporels au cinéma se sont élasticisés .
 
Bullet time : le temps de la balle de revolver est une rotation figée qui est un procédé holographique. La décomposition du mouvement n'est pas homogène, la durée peut se diviser, se contracter ou s'étendre. Décomposition du mouvement tout en conservant quelque chose de ses articulations naturelles et même de sa continuité.
https://www.youtube.com/watch?v=FOitGa117_s&t=4s
 
Fonction du ralenti
1. Fonction emphatique : capacité à suggérer la puissance et la vitesse d'un geste ou à magnifier la virtuosité de celui qui l'accomplit (l'homme qui valait trois milliards, Steve Austin : acteur)
Les choses se déplacent très vite ne peuvent être perçue qu'à la condition d'être ralenties. Les choses que l'on voit se déplacer à une allure inhabituellement lente se déplacent en réalité à très grande vitesse.
Un homme qui court au ralenti est un cyborg lancé à pleine vitesse (la bande son métallique participe à l'effet)
Analytique : usage technique ou expressif du ralenti sportif. Il peut être dramatique ou expressif dans une scène grave et solennelle.
 
Le secret des poignards volants
Le Secret des poignards volants est un film d'arts martiaux sino-hongkongais réalisé par Zhang Yimou, sorti en 2004.

2. Fonction lyrique et onirique : amplification et hyperbole : Le corps suspendu dans sa chute, ravi à lui même, image flottante d'un rêve avec une rupture des sensations motrice entre image action et image temps, entre image perception et image affection. Par exemple la fin du film Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni, comme des ondes de colère, une pure situation optique et sonore.

Techniquement
Bullet time : capture du mouvement  en « rotation figée » avec un ralenti technique de morphing qui est une interpolation ou interposition d'images ou alors un ultra ralenti de 1000 à 2000 images secondes.
Sur Final Cut : la rampe de vélocité :
 

Pour moins geler l'image que pour immobiliser le sujet.
A contrario du ralenti classique qui augmente la vitesse d'enregistrement pour diminuer la vitesse de projection.
https://www.youtube.com/watch?v=MDd4WFAVyNQ

Exemple d'ultra ralenti
la caméra Phantom Flex : 2800 images secondes.

Pistes de travail
Enregistrement à vitesse normale avec plusieurs appareils selon différents angles de vue et l'on fait une reconstitution du mouvement par l'ordinateur pour obtenir une souplesse dans le montage final : zoom, travelling, panoramiques, accélérations ralentissements. Cette technique est lourde en calcul, on effectue donc un enregistrement sur fond vert pour incruster les décors par la suite.
On peut dire que l'on obtient une image totale qui est à la fois le point de vue du personnage et qui est aussi descriptive de ce qu'elle montre et pour l'image analytique ou subjective (vision du personnage) et image symbolique (intention expressive de l'auteur)
Vol d'une balle = ralenti classique
Le personnage semble gelé et la caméra tourne autour à grand vitesse.
On n'a plus besoin d'utiliser le champ/contrechamp ou regardé regardant mais celui de la caméra virtuelle on a donc un ralenti au second degré image au ralenti/ image d'un ralenti.
 
 
Fiona Tan
La question de la mémoire, le souvenir. Images d'archive.
Un portrait de l'artiste :
 
Cinémathèque de Bretagne
 
24 Hour Psycho (1993), Douglas Gordon
Film utilisé : Psychose (Psycho, 1960) de Alfred Hitchcock
Cette installation, consiste en la projection au ralenti, de manière que la durée originale du film (109 minutes) s'étend sur toute une journée. Ce processus assez simple, produit cependant un mécanisme complexe au niveau de la mémoire du spectateur. Selon Douglas Gordon, "il est tiré vers le passé mais aussi vers le futur lorsqu'il réalise que l'histoire, qu'il connait déjà, ne semble jamais se dérouler assez rapidement. Entre les deux, se trouve aussi un présent qui évolue tout doucement et se dissout, tout en restant hors du temps".
Il y a un jeu narratif qui se déroule pendant la projection -peu de personnes regardent l'œuvre dans sa totalité- relatif au fragment fortuitement regardé. Notamment, l'utilisation d'un film très connu produit ce type de processus, qui ne fonhttps://youtu.be/-bHMd8tCvIA?si=7kqk8AwEpx9XQPsdctionne pas avec un film inconnu. La narration n'est pas dans l'installation même, mais dans l'esprit du spectateur.
http://www.wat.tv/video/24-hours-psycho-bref-extrait-41plb_2tg2r_.html
 














5 Year Drive-By (1995), Douglas Gordon
Film utilisé : La Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) de John Ford
L'opération appliquée à Psychose est mené à son extrême. La durée du film original est de  113 minutes, mais le récit raconte une histoire de cinq ans. "L'image ne changerait que toutes les quinze minutes, de façon à ne montrer qu'une seule seconde du film par jour de projection."
La relation entre temps réel, temps de durée du film et temps interne à l'histoire se confond ainsi en un seul temps. La projection la plus longue de cette œuvre s'est prolongée sur 47 jours dans un désert des États-Unis, montrant qu'une petite partie du projet envisagé par l'artiste.
D'autres projets existent qui travaillent avec l'idée extrême du temps et de la perception, comme la projection sur 639 ans de l'œuvre de John Cage As Slowly as Possible, qui a commencé en 2001, ou le String Quartet Nº 2 de Morton Feldman, qui a une durée de presque six heures sans interruption, avec des nuances des plus faibles entrez les images, présentant un véritable défi à la perception.




he Confessions of a Justified Sinner (1995), Douglas Gordon
Film utilisé : Docteur Jekyll et Mr. Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde, 1931) de  Rouben Mamoulian
https://www.youtube.com/watch?v=hrPPXObT7z4
Deux écrans mis de biais, l'un avec un angle positif et l'autre avec un angle négatif, montrent trois extraits du film, dans lesquels le Dr. Jekyll se transforme en Mr. Hyde, projetés au ralenti.  Il y a ici, bien évidemment, d'après le roman de Stevenson, l'opposition entre le bien et le mal ; en plus, il utilise pour le titre un autre roman écossais du XIXe siècle, sur le même sujet. Il est intéressant de voir comment l'artiste a utilisé ce film et en a extrait la partie la plus symptomatique, la partie dont on parle depuis les années trente, très emblématique et représentative des effets spéciaux utilisés à l'époque.













Portrait de Douglas Gordon
http://www.vice.com/en_ca/video/douglas-gordon


Electric Earth 1999 Doug Aitken
Une histoire de synchronisation et désynchronisation du temps et de l'espace. 
http://www.ubu.com/film/aitken_electricearth.html

L'installation multi écran
https://www.youtube.com/watch?v=LSziysd2Duk 
https://www.youtube.com/watch?v=-EEl5GE9ObY

Gray (1993)
http://www.ubu.com/film/ahtila_gray.html

Les films et les installations cinématographiques d'Eija-Liisa Ahtila explorent la question de la narration et sont autant de récits sur des expériences humaines extraordinaires. Les films d’Ahtila se retournent sans cesse sur les mêmes questions : la séparation, la sexualité, l’adolescence, les liens familiaux, la désintégration mentale et la mort.
Le thème de GRAY est le changement qu'une catastrophe opère sur la réalité et la frontière floue séparant l'autre de l'ego. Le film traite d'une situation dont l'autre ne peut être exclu (...). Trois femmes parlent d'un désastre nucléaire qui survient au-delà des limites de l'Etat et décrivent les événements qui en découlent. Le discours est allusif ; il contient à la fois des faits matériels sur les accidents nucléaires et des pensées personnelles. Les femmes descendent par un monte-charge dans un lieu sombre situé sous l'eau. Le changement, qu'il soit provoqué par les retombées radioactives d'un accident nucléaire ou par l'invasion d'une langue et de coutumes étrangères, est définitif - il devient impossible de revenir à son ancien foyer.

Installations vidéo:
Video Quartet 2002 Christian Marclay
http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/cmde/CMDE000001900/03.htm
A visionner sur you tube
http://www.youtube.com/watch?v=9VmXoeZir7A
 

L'atelier questionne le dispositif de l'image en mouvement et du sonore dans l'espace d'exposition :
Acquisition d'une somme de savoirs issue d'une recherche dans le champ de la création contemporaine lié à la question de la vidéo, du son et des médias.
L'étudiant doit aborder ces problématiques sous la forme d'une recherche théorique et référencée ainsi que de façon pratique en réalisant un projet individuel.
Acquisition d'une méthode de documentation sur une oeuvre d'un artiste, liées à sa problématique que l'étudiant prend en référence.

Méthode d’enseignement
Ce cours est un travail d'atelier (atelier vidéo) avec des apports théoriques sous forme de projection de films et de conférence.
Autour de la thématique : synchronisation, des travaux d'artistes sont diffusés et commentés de manière collective. Chaque étudiant apporte des références visuelles, théoriques etc. - un champ de recherche critique autour de la thématique qui ouvre des pistes de travail par étudiant pour définir par étapes son projet personnel avec un suivi sous la forme d’entretiens individuels.
A mi-chemin une première étape de finalisation où chaque étudiant présente une maquette de son projet.
La deuxième partie est consacrée à la mise en forme définitive du projet jusqu'au dispositif final de présentation publique collective.
Des « accrochages » sont réalisés régulièrement afin d'expérimenter les dispositifs et de vérifier les projets.



Bibliographie
« L'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique » Walter Benjamin
« The language of new media » Lev Manovich, MIT edition
« Le destin des images » Jacques Rancière
« le récit au cinéma » Alain Masson
« La comédie française ou l'amour joué » VHSFrederick Wiseman 1997
« Near Death » VHS Frederick Wiseman 1989
« Audio-vision (son et image au cinéma) » Michel Chion 1991
« Le mouvement des images » Centre Pompidou 2007
« Mon Oncle » Jacques Tati 1958

Activité(s) complémentaire(s)
Consulter les vidéos disponible dans le fonds de la médiathèque de l'école

DEFINITIONS
Dubbing = Doubler
Doublage = Utiliser la voix d'un personnage dans une autre langue
Synchroniser = Synchroniser le son et l'image
Bruitage = Rajouter des son sur des images
Voix off = voix ajouter au montage
Karaoke = une personne lit sur un prompteur les paroles d'une chanson qu'il chante sur la musique

Le sous-titrage est une technique liée aux contenus audiovisuels, notamment cinématographiques, consistant en l'affichage de texte au bas de l'image, lors de la diffusion d'un programme, comme un film. Cette technique initiée par le cinéma a ensuite été transposée à la télévision, où elle peut concerner tous types de programmes comme les séries télévisées, les documentaires, les journaux télévisés, etc. Elle s'applique désormais à tous les médias audiovisuels : DVD-Video, Internet, etc.

VIDEOS
"Dubbing" Pierre Huyghes 1996, 120 minutes
newmedia
Dans Dubbing, Pierre Huyghe montre une vidéo projetée dans une salle où apparaissent quinze comédiens assis sur des chaises dans un studio d’enregistrement. La durée de la projection dure le temps du film en cours de doublage. Sous l’image du studio passe la bande rythmo que les comédiens ont vu défiler lors du tournage de la vidéo, comprenant les paroles et autres indications nécessaires pour la séance de doublage. Les quinze comédiens, habillés à l’ordinaire, sont filmés en plan fixe.

Jeu de synchronisation de la voix
Gillian Wearing, 2 into 1 (1997)
http://www.ubu.com/film/wearing_2.html


Les grands ensembles (The housing projects), 2001, Pierre Huygues,
Installation
http://www.dailymotion.com/video/x3hfz9_les-grands-ensembles_news
Film numérique diffusé dans une pièce obscure aux murs et au sol gris, accompagné par les pulsations électroniques de Pan Sonic et Cédric Pigot.
7 min. 51 sec.
 
"D.I.A.L. History" Johan Grimonprez 1997 68 minutes

« Play Time » Jacques Tati 1958
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19546263&cfilm=1363.html

"Hystéria" 2002 Sam Taylor Wood
https://www.youtube.com/watch?v=33PZhpay8gM



Anri Sala
Now I See (2004)
http://www.ubu.com/film/sala_see.html

"Now, I see" montre un groupe de musiciens jouant sur scène. Un petit chien fait de ballons en plastique semble flotter ou dériver sur le devant de la scène en fonction des sons amplifiés par les enceintes. Soudain, des sonorités sourdes se substituent à la musique rock pendant que les chanteurs s’agitent plus que jamais

Mark Leckey
Fiorucci Made Me Hardcore (1999)
Repoussant les conventions du film documentaire, de la vidéo expérimentale et de la fiction cinématographique, Mark Leckey s'inspire du riche contexte urbain qui l'entoure : la "youth culture" (culture de la jeunesse), l'histoire de la musique alternative, la "street fashion" (mode de la rue) et leurs liens avec les mouvements socio-politiques de ces vingt-cinq dernières années. Ces vidéos, souvent mélancoliques, s'inspirent de la réalité sociale, émotionnelle et spirituelle de la vie contemporaine anglaise.
http://www.ubu.com/film/leckey_hardcore.html

Yann Beauvais
d'un couvre-feu
2006, color, sound, 9'40

http://www.ubu.com/film/beauvais_duncouvrefeu.html

Pipilotti Rist
Entslastlungen AKA Pipilolottis Fehler (1988)
http://www.ubu.com/film/rist_ents.html

Mickael Snow
http://www.ubu.com/film/snow_so.html

Beat Streuli
Installation vidéo
http://www.ubu.com/film/streuli_brussels.html
Les portraits de la vie dans les rues de Bruxelles de
Beat Streuli, montre des gens de cultures et de religions diverses, qui sont inévitablement politiques. Cependant, leur signification politique réside moins dans un quelconque message ou programme spécifique que dans le fait de donner une visibilité à la rue, en créant une ‘psychogéographie’ (pour utiliser un vieux terme situationniste) du paysage bruxellois.
Depuis plus de 15 ans, Beat Streuli, d’origine suisse, braque son objectif sur l’habitant de la cité moderne : passant au hasard, des visages dans la foule, des détails de coiffure ou d’habillement, au look fragile, grégaire ou de star. Ses vidéos et photographies examinent les citadins de différents centres urbains, de New York, Cracovie, Tokyo ou Tel-Aviv, extrayant des visages et des attitudes du flot de la rue. Bien que les sujets soient capturés à leur insu, dans le brouillard de leurs activités quotidiennes, ce serait une erreur de considérer les portraits métropolitains de Beat Streuli comme simplement naturels, naïfs ou purement spontanés. Ses images ont au contraire un air tout à fait reconnaissable et portent la marque d’une sélection artistique. Son travail joue avec toute une série de
contradictions entre le naturel et le stylisé, le documentaire et la fiction, la publicité et l’intimité, la dignité humaine et l’aliénation de masse, les pauses glamour et la cruauté de la lumière

Eija-Liisa Ahtila
Gray (1993)
http://www.ubu.com/film/ahtila_gray.html

Les films et les installations cinématographiques d'Eija-Liisa Ahtila explorent la question de la narration et sont autant de récits sur des expériences humaines extraordinaires. Les films d’Ahtila se retournent sans cesse sur les mêmes questions : la séparation, la sexualité, l’adolescence, les liens familiaux, la désintégration mentale et la mort.
Le thème de GRAY est le changement qu'une catastrophe opère sur la réalité et la frontière floue séparant l'autre de l'ego. Le film traite d'une situation dont l'autre ne peut être exclu (...). Trois femmes parlent d'un désastre nucléaire qui survient au-delà des limites de l'Etat et décrivent les événements qui en découlent. Le discours est allusif ; il contient à la fois des faits matériels sur les accidents nucléaires et des pensées personnelles. Les femmes descendent par un monte-charge dans un lieu sombre situé sous l'eau. Le changement, qu'il soit provoqué par les retombées radioactives d'un accident nucléaire ou par l'invasion d'une langue et de coutumes étrangères, est définitif - il devient impossible de revenir à son ancien foyer

Installations vidéo:
Video Quartet 2002 Christian Marclay
http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/cmde/CMDE000001900/03.htm
A visionner sur you tube

  1. http://www.youtube.com/watch?v=9VmXoeZir7A
A lire
Michel Chion qui a analyser le son au cinéma, parle de sons en trois zones d'ancrage : in, off et hors-champs.
  • In ou son synchrone, c'est le son que l'on entend et que l'on voit. Par exemple on voit parler l'acteur dont on entend la voix en même temps ; on voit fermer la porte que l'on entend claquer.
  • Hors champ, la source de son n'est pas visible dans l'image au moment de l'émission de ce son, qu'il s'agisse d'un personnage toujours présent à l'action mais dont la caméra s'est détournée. Il s'agit d'un son qui reste pour nous situé imaginairement dans le même temps que l'action montrée, dans un espace contigu à celui que montre le champ de l'image.
  • Off, un son qui émane d'une source invisible située dans un autre temps et/ou un autre lieu que l'action qui est montrée dans l'image. Par exemple la musique de film, la voix-off du narrateur racontant l'action au passé.
Ces sons n'ont pas de texture ou de couleur particulières, ils sont in, hors-champ ou off, que par rapport à une image, et dans ce rapport même, à l'instant où il s'établissent.
Zone acousmatique = zone invisible
Evidement les frontières entre les sons sont poreuses. Il peut y avoir des son qui passent de In à hors-champ, et inversement c'est la situation la plus courante d'un plan à l'autre.
La transition In/off est moins évidente et la transition Off/ hors-champ est la plus mystérieuse parce que l'on ne la voit pas.
 
Exercice de recherche
Vous chercherez dans les films que vous connaissez des exemples pour illustrer ces différences entre les sons en rapport à l'image. Accompagner votre recherche de textes et d'image rassemblés sur un document PDF à rendre
Contenu pratique :
  • Réalisez un film en vous inspirant de la phrase :
« La voix de votre maître ». A partir d'une situation réelle d'entretien, de rencontre avec une voix vous travaillerez à rentre compte la relation que vous entretenez avec la personne de cette voix.
Dans ce film le son prend en compte au moins deux champs évoqués dans la partie théorique. Vous utiliserez au maximum le déplacement dans l'espace, d'un lieu à l'autre, d'une action à une autre en vous servant au maximum de l'enregistrement de la voix.
Méthode : écriture d'un synopsis accompagner d'un story-board qui peut être soit dessiné, soit en images pour le repérage, la mise en place, la correspondance, en bref la situation.
  • Réalisez un dispositif de diffusion de ce film dans l'espace (le cube) en soulignant la spatialisation du son.


 
 







Bibliographie
Hill Paul, Edward Muybridge, Paris, Païdon , 2011
Epstein Jean, Ecrits sur le cinéma I et II, Paris, Seghers,1974
Badiou Alain, Matrix machine philosophique, Ellipses Marketting, Hors collection, 2003
Arrêt sur image, fragmentation du temps. Aux sources de la culture visuelle moderne / Stop-motion
Lausanne, Payot, 2002
Mitry Jean, Esthétique et psychologie du cinéma I et II, Editions universitaires, Paris 1963
Rancière Jacques la fable cinématographique, Librairie du XXIe siècle, Seuil, 2001

Filmographie
Les origines du cinéma scientifique, Tosi Virglio, 2005,  791 TOS - d DVD
Matrix reloaded, Wachowski Andy, 2003, V WAC - a DVD
Gerry, Gus Van Sant, 2008, V VAN - a DVD
Chungking Express, Wong Kar-Waï, 1994, Cote :  V WON - a DVD
Fallen Angels, 1995, Wong Kar-waï, Quatres Moulins, 791.437 WON - a VHS
In the Mood for Love, 2000, Wong Kar-Waï, V WON - a DVD
2046, 2004, Wong Kar-Waï,  V WON - a DVD
Zabriskie Point, Michelangelo Antonioni, 1970 V ANT - a DVD
Le mystère Picasso, Henri Georges Clouzot, 1955 Ecole : 709.2 PIC - d DVD
La chute de la maison Usher, Jean Epstein, 1928
 

Oeuvres étudiées
24 Hour Psycho (1993), Douglas Gordon
Film utilisé : Psychose (Psycho, 1960) de Alfred Hitchcock
Cette installation, consiste en la projection au ralenti, de manière que la durée originale du film (109 minutes) s'étend sur toute une journée. Ce processus assez simple, produit cependant un mécanisme complexe au niveau de la mémoire du spectateur. Selon Douglas Gordon, "il est tiré vers le passé mais aussi vers le futur lorsqu'il réalise que l'histoire, qu'il connait déjà, ne semble jamais se dérouler assez rapidement. Entre les deux, se trouve aussi un présent qui évolue tout doucement et se dissout, tout en restant hors du temps".
Il y a un jeu narratif qui se déroule pendant la projection -peu de personnes regardent l'œuvre dans sa totalité- relatif au fragment fortuitement regardé. Notamment, l'utilisation d'un film très connu produit ce type de processus, qui ne fonctionne pas avec un film inconnu. La narration n'est pas dans l'installation même, mais dans l'esprit du spectateur.













5 Year Drive-By (1995), Douglas Gordon
Film utilisé : La Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) de John Ford
L'opération appliquée à Psychose est mené à son extrême. La durée du film original est de  113 minutes, mais le récit raconte une histoire de cinq ans. "L'image ne changerait que toutes les quinze minutes, de façon à ne montrer qu'une seule seconde du film par jour de projection."
La relation entre temps réel, temps de durée du film et temps interne à l'histoire se confond ainsi en un seul temps. La projection la plus longue de cette œuvre s'est prolongée sur 47 jours dans un désert des États-Unis, montrant qu'une petite partie du projet envisagé par l'artiste.
D'autres projets existent qui travaillent avec l'idée extrême du temps et de la perception, comme la projection sur 639 ans de l'œuvre de John Cage As Slowly as Possible, qui a commencé en 2001, ou le String Quartet Nº 2 de Morton Feldman, qui a une durée de presque six heures sans interruption, avec des nuances des plus faibles entrez les images, présentant un véritable défi à la perception.















The Confessions of a Justified Sinner (1995), Douglas Gordon
Film utilisé : Docteur Jekyll et Mr. Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde, 1931) de  Rouben Mamoulian
https://www.youtube.com/watch?v=hrPPXObT7z4
Deux écrans mis de biais, l'un avec un angle positif et l'autre avec un angle négatif, montrent trois extraits du film, dans lesquels le Dr. Jekyll se transforme en Mr. Hyde, projetés au ralenti.  Il y a ici, bien évidemment, d'après le roman de Stevenson, l'opposition entre le bien et le mal ; en plus, il utilise pour le titre un autre roman écossais du XIXe siècle, sur le même sujet. Il est intéressant de voir comment l'artiste a utilisé ce film et en a extrait la partie la plus symptomatique, la partie dont on parle depuis les années trente, très emblématique et représentative des effets spéciaux utilisés à l'époque.











Passage à l'acte, (1993) Martin Arnold 16mm, noir et blanc, 12 min
Réalisé en 1998 à base d'images de films hollywoodiens des années 40.
Martin Arnold suspend le sens et le mouvement des images grâce à un ultra-découpage et une répétition sérielle. Martin Arnold travaille image par image avec une tireuse optique qu'il a lui-même développée. Une pratique artisanale qui se rapproche fortement de l'échantillonnage (sampling) utilisé dans le mouvement techno.












Martin Arnold
Martin Arnold est né à Vienne en 1959. Il étudie l'histoire de l'art et la psychologie à l'université de Vienne. Il réalise des films depuis 1988. En 1995, il donne des cours à l'université du Wisconsin à Milwaulkee, de 1996 à 1997 au San Francisco Art Institute et 1998 à 1999 à l'Académie des Beaux-Arts de Francfort.
" Je travaille avec des scènes de longs métrages du cinéma populaire. Alors, pour mon travail, l'image elle-même est très importante : elle montre non pas seulement certains endroits, acteurs et actions, mais aussi les rêves, les espoirs et les tabous de l'époque et de la société qui l'ont créée. "
" Le cinéma d'Hollywood est un cinéma de l'exclusion, de la réduction et du refus : un cinéma répressif. Il y toujours quelque chose derrière ce qui est représenté, qui n'est pas montré. C'est exactement cela qu'il est intéressant de prendre en considération "


The Quintet of the Astonished (2000), Bill Viola
https://www.youtube.com/watch?v=As7OtWMYPRc










Le vidéaste new-yorkais aura réalisé une quinzaine de films muets, consacrés à l'exploration de l'expression de joie, du chagrin, de souffrance, de peur ou de colère dont il rend compte au ralenti, certains inspirés par de grandes oeuvres de la peinture classique.
"Je m'intéresse à ce que les vieux maîtres n'ont pas peint, aux étapes intermédiaires", expliquera l'artiste.
Pour chacun de ses tableaux, Bill Viola invite le visiteur à suivre le parcours physique de l'émotion, entend permettre à ce body language ou langage du corps de libérer tout son sens, de s'exprimer en offrande.
L'artiste présentera une fresque intitulée The greeting inspirée de La Salutation du peintre italien du XVIe siècle par Jacopo Pontormo. Scène de rue, d'un autre âge. Deux femmes vêtues de tuniques, portant de sandales, sont rejointes par une troisième de semblable allure. Elle est enceinte. L'arrivée de cette nouvelle venue suscite une série de réactions en chaîne. Leurs propos inaudibles obligent, pour en deviner la teneur, à s'attarder sur la gestuelle et la multiplicité des attitudes, l'expression des visages, les regards échangés, le mouvement des mains et la disposition des corps dans l'espace.
Dans son Quintet of the Astonished, inspiré de l'oeuvre du néerlandais Jérôme Bosch (XVe siècle), Bill Viola met ainsi en scène quatre hommes et une femme dont les regards ne se croisent à aucun moment. Différentes émotions pour chacun se succèdent, s'apparentent au chagrin pour certains, à la compassion, la tristesse, l'angoisse ou la sérénité pour d'autres. Les mots sont inutiles pour qui sait observer, lire l'expression véritable qui jaillit subtilement de l'épiderme, quand le corps fait si belle part au sens, parvient à démontrer le vidéaste. "C'est bien là être seul, c'est là, c'est là, que se trouve la solitude", selon les mots de Lord Byron. 


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