L’animation

L’exploration des techniques d’animation débute avec l’animation sans caméra. Comme son nom l’indique, cette technique ne nécessite pas de caméra (ni d’appareil photo) pour réaliser le film. Il s’agit d’intervenir directement sur de la pellicule (vierge ou impressionnée), ce support de projection aujourd’hui (presque) disparu. C'est un ruban de plastique jalonné de perforations dont la particularité est d'être translucide. L'émulsion qui le recouvre généralement est photosensible et permet d'enregistrer les images au moment de la prise de vue, au rythme de 24 photographies par seconde (ou comme un appareil photo qui prendrait 24 photos par seconde). Après développement, les images sur la pellicule ne mesurent quelques dizaines de millimètres mais une fois placées dans le projecteur elles peuvent mesurer plusieurs mètres. C'est l'agrandissement. Pour qu'il y ait projection, un autre ingrédient est nécessaire en plus de l'écran, il s'agit de l'obscurité.
Des expérimentations d’interventions directes sur pellicule ont été faites dès les années 1910. Les cinéastes Norman McLaren et Len Lye ont donné ses lettres de noblesse à l’animation sans caméra, qui se pratique encore. Les œuvres produites relèvent souvent du cinéma expérimental.
Il existe plusieurs façons de pratiquer l’animation:

  • La première, c’est de dessiner sur de la pellicule transparente. Utilisez de préférence des feutres indélébiles, qui sèchent plus vite que, par exemple de la peinture ou de l’encre. Pour vous donner une idée de la technique, vous pouvez voir Colour Box (1935), film dans lequel Len Lye peint des formes à même la pellicule.
  • La seconde, consiste à gratter sur la surface noire du film opaque à l’aide d’un outil pointu. Si on le souhaite, on peut ensuite coloriser les grattages. Blinkity Blank de Norman McLaren (1955) illustre parfaitement cette technique.
  • On peut aussi dessiner, colorier ou gratter une pellicule déjà impressionnée. Au-delà de ces interventions plastiques, il est possible d’utiliser, pour les plus expérimentés, de l’eau de Javel qui permet de déformer l’image.Enfin, pour les plus audacieux, il est possible de dessiner sur la bande son de la pellicule. On obtient un rendu sonore et non plus visuel (les dessins ne seront pas visibles à l’écran). Le court métrage Synchromie de McLaren (1971) est un exemple de "son animé ».
  • On peut aussi numériser le film avec un scanner qui se trouve à la cinémathèque mais aussi numériser son film en filmant avec un appareil numérique la pellicule projetée. Si on ne dispose pas d’appareil pour projeter la pellicule, il faudra prendre en photo chaque photogramme puis mettre bout à bout les photos grâce à un logiciel de montage.

Références film d’animation

Colour Box de Len Lye 1935 / 35mm / couleur / sonore / 4' 00
Musique : La Belle Créole par Don Baretto et son orchestre cubain.
https://vimeo.com/275185278
« Le film Colour Box est l'un des premiers films directs du cinéma qui nous soit parvenu. Lye a peint directement sur le film celluloïd, il a rapidement pris conscience de tous les avantages qu'il pouvait retirer de cette découverte et comment celle-ci s'accordait éminemment bien à sa recherche d'un art du mouvement. En effet, il ne cherche pas la reproduction naturaliste du mouvement, ainsi n'a-t-il pas à reproduire et à respecter la configuration des objets. Il recherche le mouvement. Lye peint des arabesques sur la longueur du ruban ce qui confère aux compositions colorées un tremblement qui rappelle le passage de l'énergie telle qu'il la percevait. Avec Colour Box il fait danser des lignes et des plans de couleurs. Plusieurs techniques sont utilisées: étalement au moyen d'un peigne de la couleur, grattage de la pellicule une fois que la peinture est sèche. Apposition de pochoirs de formes et de textes sur les fonds de couleur. » yann beauvais.

Sous la canopée de Bastien Dupriez

https://youtu.be/2hPlEvsnooM?si=66iaBCy0LPPkth69

Blinkity Blank de Norman McLaren 1955 | 5 min
Musique originale de Maurice Blackburn
https://www.onf.ca/film/blinkity_blank_fr/

Court métrage expérimental explorant les possibilités de l'animation par intermittence et des images spasmodiques. Norman McLaren joue avec les lois de la persistance rétinienne dans une œuvre de pure imagination faisant penser tantôt à un feu d'artifice très nourri, puis ensuite à un dessin lent à se former et dont on ne perçoit que des touches rapides et éphémères. Film sans paroles.

Spook Sport de Norman McLaren 1940 | 7 min
Animation conventionnelle, faite par Norman McLaren, où certaines sections comportent des éléments tracés à la plume sur pellicule de 35 mm.
https://www.onf.ca/film/spook_sport_fr/

Free radicals de Len Lye 1958 - 1979 | 5min
FREE RADICALS utilise des lignes blanches gravées à la main sur de la pellicule noire, avec des oscillations à chaque image, pour définir le nerf du cinéma comme un rituel de mouvement pétri d’énergie.
https://www.youtube.com/watch?v=LpAOHBHxaSM

Llamadas telefónicas de Los Ingrávidos, 2016 | 10 min 50
https://vimeo.com/158970707
Collectif d’artistes mexicains.
Colectivo Los Ingrávidos (Tehuacán, Mexique) naît de la nécessité de démanteler la grammaire audiovisuelle que le corporatisme esthético-télévision-cinématique a utilisée et utilise pour garantir efficacement la diffusion d'une idéologie audiovisuelle par laquelle un contrôle social et perceptif continu est maintenu sur la majorité de la population. Les domaines poétiques que peu de gens osent fouler sont politiquement chargés et pourtant impliqués dans le sublime Los Ingrávidos.

Exploration sonore


Synchronie de Norman McLaren 1971 | 7min
https://www.onf.ca/film/synchromie/
Court métrage d’animation présentant des jeux de couleurs, de formes et de sons. En guise de musique, Norman McLaren a dessiné des sons synthétiques et il les a photographiés sur la bande sonore en conservant un parallélisme absolu entre le son et l'image. Synchromie est un film de « son animé » dans le vrai sens du terme.

Mamori de Karl Lemieux, 2010 | 7 min
https://www.onf.ca/film/mamori_fr/
Mamori nous fait pénétrer dans un espace tressé de franges d’ombres et de lumières, de noir et de blanc, déliant une matière aqueuse, jouant avec les sources sonores et la texture de la pellicule 16 mm. Les images et les sons qui constituent la matière brute de ce film ont été captés par le cinéaste Karl Lemieux et le musicien d'avant-garde, spécialiste du « field recordings », Francisco López, à l’occasion d'un séjour dans la forêt amazonienne. Mêlant technique artisanale sur pellicule et technologie numérique, Mamori oscille entre enregistrement et réanimation, transmutant la matérialité brute du son et des images en une expérience sensorielle extrême, à la frontière du visible, de la figuration et de l'abstraction. Seules certaines infiltrations de la composition sonore ramènent notre imaginaire vers la forêt tropicale et ce lieu lointain de l’Amazonie qu’est Mamori.

Ondes et silence de David Bryant et Karl Lemieux, 2015 | 14 min
https://www.onf.ca/film/ondes_et_silence/
Ce court métrage documentaire expérimental s’intéresse à des individus souffrant d’hypersensibilité électromagnétique, qui se sont réfugiés autour de l’observatoire de Green Bank, dans le « National Radio Quiet Zone » (zone nationale de silence radio). Connus notamment pour leur travail au sein du groupe musical Godspeed You! Black Emperor, David Bryant et Karl Lemieux signent une œuvre sensorielle percutante.

Camera Take Five de Steven Woloshen, 2003, 35mm / couleur / sonore | 3 min
https://lightcone.org/en/film-4645-cameras-take-five

Documentaire sur le réalisateur Norman Mclaren
https://www.onf.ca/film/genie_createur_norman_mclaren/

Pour aller plus loin
Sites web :
Iota Center : https://expcinema.org/site/en/publishers/iota-center
Lightcone : https://lightcone.org/fr
Ubuweb films : https://www.ubu.com/film/index.html
Le son : https://campusgrenoble.org/podcast/emission-speciale-radio-parlement-2/


 

 

 

 

 

 

 

 









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